Depuis quelques jours, elle est chez une autre amie, elle-même mère de deux enfants. Dolly dort chez elle avec ses trois filles. C’est à Rosny-sous-Bois, toujours dans le 93. Dans un studio. Deux femmes et cinq enfants dans un studio. On imagine que ça ne peut pas tenir longtemps. L’amie de Dolly lui a dit qu’elle peut rester jusqu’à la fin des vacances scolaires, le 3 janvier. Dolly est allée ce jeudi 22 décembre aux services sociaux de Noisy-le-Sec, où elle habitait et où ses filles sont scolarisées. « L’assistante m’a dit que je suis clandestine et qu’il faut que je me débrouille. J’ai demandé si au moins mes enfants pouvaient être placées dans un foyer, mais elle dit qu’elle doit voir avec ses supérieurs et que j’aurai la réponse le 13 janvier seulement. Qu’est-ce que je vais faire? » Se peut-il qu’en France, à Noël, on laisse ainsi une mère et ses trois filles abandonnées à elles-mêmes?
J’ai téléphoné à l’assistante sociale de Dolly; elle évoque le secret de fonction et laisse entendre que les choses sont peut-être différentes que ce que Dolly veut bien raconter. « La situation des clandestins peut être très difficile, je ne le nie pas, mais nous sommes en France, et la sauvegarde des enfants, quand c’est nécessaire, est assurée », me déclare-t-elle. Quand? Comment? Que peut-elle faire dans le cas précis? L’assistante sociale ne veut pas en dire plus et me renvoie à sa supérieure hiérarchique. Je n’ai pas encore pu la contacter, mais on ne va pas lâcher. On ne va pas oublier Dolly.
Par Alain Rebetez