La gare de triage du Drancy (93), une des plus grande d’Ile-de-France, voit passer chaque année plus de 10 000 wagons chargés de matières toxiques. Depuis plusieurs années collectifs de riverains et élus, manifestent pour mettre fin à cette situation potentiellement explosive.

Samedi 5 octobre était organisée une manifestation qui s’est conclue en rassemblement devant la préfecture de la Seine-Saint-Denis. L’objet du mécontentement : la circulation et le traitement de produits dangereux à proximité des habitations de Drancy, du Blanc-Mesnil et du Bourget. Les maires, députés, sénateurs et conseillers régionaux des villes concernées étaient présents en tête du cortège.

Jean-Yves Souben est le troisième maire adjoint du Blanc-Mesnil, délégué à l’écologie et membre des Verts. Il nous explique les tenants et aboutissants de cette affaire, sous-médiatisée selon certains manifestants. « Le préfet a fait porté à connaissance un arrêté pour les maires autour de la gare de triage de Drancy [principale gare de triage de la région parisienne, cette zone de fret de près de 3 kilomètres sur 48 voies], essentiellement pour Drancy et Le Blanc-Mesnil, mais on s’est aperçu que le Bourget était également concerné. Cet arrêté stipule qu’il y a des matières dangereuses. En fonction des produits dangereux qui sont stockés dans la gare de triage, il y a un périmètre qui est déterminé. Ce périmètre est de 620 mètres. Mais ça ne met pas pour autant les riverains à l’abri, ça les informe. Ça prévient surtout les maires que s’ils accordent des permis de construire dans le futur, ils seront redevables devant la justice en cas d’accident. Le CORIGAT, comité des riverains de la gare de triage, s’est monté pour défendre les riverains, car il y a une double peine : non seulement ils sont en danger et le préfet ne fait rien, mais en plus en faisant porter à connaissance l’arrêté il dévalorise les patrimoines des riverains ».  À noter que le préfet évoqué par Mr Souben est Christian Lambert, parti à la retraite au mois de juin dernier. Celui qui a pris sa place, Philippe Galli, n’est pas responsable de la situation actuelle.

Des habitants se plaignent des nuisances sonores. Que pouvez-vous faire ?

Jean-Yves Souben : Déjà les produits dangereux ne doivent pas être surveillés par des intérimaires, mais surveillés et manipulés par de vrais cheminots qui savent ce qu’ils font. On peut créer des wagons spéciaux comme les ‘Castors’ utilisés pour le transport de matières radioactives. On peut faire la même chose pour les produits chimiques dangereux, des murs de protection… Il y a tout un tas de mesures qu’on peut prendre. En tout état de cause, le préfet se doit de faire quelque chose. Il y a des matières dangereuses qui n’ont rien à faire au Blanc-Mesnil et à Drancy.

Savez-vous quelles sont ces matières dangereuses ?

Le préfet a justement sorti une liste dans laquelle il a exclu le chlore, car si cette matière avait été présente, le périmètre n’aurait pas été de 620 mètres, mais de cinq kilomètres. Là on arriverait aux portes de Paris et ça serait compliqué à gérer. Le préfet a sélectionné les matières de façon à ne rester que sur Blanc-Mesnil et Drancy. C’est une discrimination. 

A a suite de la manifestation, les élus ont été reçu par le préfet. Farid Amari, maire adjoint à Drancy, revient sur le contenu de l’échange : « Premier point, le préfet prend note de la mobilisation massive des citoyens. Il reconnaît que l’acte administratif concerné comporte quelques « maladresses » et s’engage a réétudier le dossier tout en écartant toute annulation de l’acte. Les parlementaires ont confirmé engager toutes les procédures judiciaires à l’encontre des autorités et ils ont également exigé une entrevue avec le Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui est l’autorité qui aujourd’hui porte l’acte incriminé.

Olufemi Ajayi

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