« Justice pour Babacar. » Le slogan résonne dans les rues de Rennes, 7 ans jour pour jour après la mort de Babacar Gueye. Samedi 3 décembre, comme chaque année, plus d’une centaine de personnes ont bravé les températures glaciales pour rendre hommage au jeune homme. Soutenue par plusieurs collectifs de victimes venus de toute la France, Awa Gueye veut faire entendre son combat.

Un combat pour faire reconnaître la responsabilité des policiers dans la mort de son frère et obtenir justice. Après la mort de son frère, ces derniers ont invoqué la légitime défense. Le jeune homme est mort sous les balles de la police alors qu’il était sujet à une crise de délire. Alors âgé de 27 ans, Babacar Gueye est arrivé en France en 2013. Il était en situation irrégulière et vivait chez sa sœur, Awa. Aujourd’hui, c’est elle que l’on retrouve en tête de cortège.

Discours de Awa Gueye lors de la marche pour son frère, le 3 décembre 2022 à Rennes

« Le policier qui a tué mon frère continue à exercer et à porter une arme, ce n’est pas normal »

« Ces policiers ont porté plainte contre mon frère le matin, alors qu’ils savaient qu’il était mort quelques heures auparavant », rappelle Awa. Le soir du drame, Babacar Gueye dort chez un ami. Dans la nuit, il est pris d’une crise de délire et s’entaille le ventre avec couteau. Son ami appelle les pompiers, mais ce sont les policiers qui se rendent sur place. « Huit policiers de la BAC équipés n’ont pas pu maîtriser un homme seul qui se faisait du mal… Leurs mensonges ne tiennent pas la route. »

« Le policier qui a tué mon frère a été muté dans une autre commune. Il continue à exercer et à porter une arme, ce n’est pas normal », poursuit Awa. Elle attend toujours une nouvelle enquête et un l’ouverture d’un procès, « pour faire face à celui qui a tué mon frère ».

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Il y a un peu plus d’un an, le juge d’instruction a clôturé son enquête une première fois. Mais la partie civile a demandé de nouveaux éléments, dont une expertise médico-légale et balistique. L’enquête s’est donc poursuivie. En juin 2022 , l’enquête a été clôturée et le juge d’instruction a rendu un nouvel avis de fin d’information. Le procureur dispose désormais de trois mois pour prendre ses réquisitions.

« Aujourd’hui, je suis fière de pouvoir m’exprimer en français pour faire connaître la vérité. Au début, je ne pouvais pas, je ne maîtrisais pas la langue », précise Awa. Sept ans après le décès de son frère, elle reste déterminée à poursuivre la lutte pour « la vérité et la justice ».

Céline Beaury

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