Les rapports sociaux obéissent à la loi, ou bien dans certains cas, à quelques règles d’usage. Dans l’entreprise, un conflit peut prendre plusieurs formes, plus ou moins longtemps, mais dans tous les cas de figure, toutes les parties se retrouvent à un moment ou à un autre, autour d’une table pour envisager une issue. Dans les pourparlers politiques locaux, nationaux ou internationaux, il en va de même. Les interlocuteurs sont identifiés, les différentes parties connaissent les limites de leur posture. On appelle cela la négociation. 

Rien de tout cela n’existe, aujourd’hui, pour faire retomber la tension et envisager une issue pacifique de l’embrasement des quelques cités du Val d’Oise depuis dimanche soir. L’Etat, à travers le gouvernement et ses fonctionnaires, existent sur le terrain de la parole officielle et des actions de maintien de l’ordre. En face, la rage et les flammes constituent la seule expression politique du moment. Comment, dans ces conditions, créer les conditions d’un apaisement ?

Mohamed Ouerfelli habite Villiers-le-Bel. Je l’ai rencontré lundi lors de la marche silencieuse. On s’est retrouvés mardi, pour parler de cette deuxième nuit de violence et pour faire un tour de la ville : moham.mp3

Les habitants de Villiers-le-Bel ne savent plus où donner de la tête. Ce drame s’incruste dans leur vie quotidienne, ils regardent les images à la télévision et descendent constater les dégâts en bas de chez eux. Réactions de quelques résidents de la rue Louise Michel : rive.mp3

En face de la rue Louise Michel, lieu du drame de dimanche, se trouve la boulangerie où le jeune Larami était apprenti. Il ne faut pas beaucoup de temps pour convaincre son patron de prendre la parole. Il a une envie farouche de dire les choses, d’expliquer aux gens qui était ce gamin, qui malgré les difficultés de ce métier, s’était engagé dans cette voie : boulang.mp3

Devant la boulangerie, le frère de Larami discute avec quelques journalistes. Il est disposé à parler malgré le choc d’il y a quarante-huit heures. Il regarde sans cesse à droite et à gauche. Ses yeux sont rouges de fatigue et ses propos saccadés : frere.mp3

Villiers-le-Bel doute et se prépare à passer une nouvelle nuit de violence. Personne n’ose imaginer la suite des événements, tout le monde craint la bavure ou le geste fatal. La fébrilité de la situation provoque du stress et des situations de tensions extrêmes.  

Nordine Nabili

Nordine Nabili

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