Mercredi, jour des sorties ciné, je fonce à UGC regarder un film que j’attends depuis longtemps, « Le fils à Jo», le premier long-métrage de Philippe Guillard, ancien rugbyman reconverti dans le journalisme sportif. Dans la bande annonce, tous les ingrédients étaient là, l’amour du jeu, la beauté des gestes et l’aspect familial.  Avec un mur consacré entièrement aux Canavaro, on comprend dès le début du film qu’au sein de la famille, le rugby est bien plus qu’une simple religion : c’est un devoir, une obligation.

Tom, âgé de 13ans en subit les conséquences. Le rôle est joué par Jérémie Duvall, promis à une belle carrière. Il est surprenant de maturité et vous fera pleurer avant les dix premières minutes du film lorsqu’il s’énerve sur son père, ne supportant plus la pression du paternel sur ses épaules. En effet, Gérard Lanvin, Jo, est un père très exigeant qui ne veut pas rompre avec la tradition familiale.

Entre Jo et son fils, la vie n’est pas toujours rose. Il élève Tom tout seul depuis le décès de sa femme. Même si Tom est meilleur en maths que sur un terrain, Jo veut monter une équipe de rugby au village, pour redonner confiance à son fils. L’équipe se monte facilement et le gamin prend vite confiance en lui. Le rugby devient un réel passe-temps, Jo est même surprit de voir son fils partir au collège avec un ballon de rugby dans les mains,  s’entraînant en ramassant des marrons dans la cour de récré. Son père, lui, s’amusait plus à en mettre qu’à en ramasser, alors être une légende du rugby c’est bien beau, mais savoir transmettre des valeurs importantes de ce sport c’est encore mieux.

L’exigence de Jo prendra le dessus. Il reprochera à Tom d’avoir commis un en-avant dès le coup d’envoi ou encore de ne même pas savoir plaquer : « Comment tu veux jouer au rugby si tu ne sais pas plaquer, toi, hein ?! » Tom dira alors, les larmes aux yeux, que « le fils à Jo, eh ben, il en a marre du rugby ! ». Il sait qu’il prendra son père aux tripes à ce moment précis, et c’est son but. C’est l’un des moments clés du film, où on comprend que le rugby ne va pas être le seul sujet abordé et heureusement, ne vous y trompez pas, ce n’est pas un «Invictus» à la française.

Même si une belle figure du rugby est présente dans le casting. Vincent Moscato, ancien membre du XV de France, y incarne Pompom, un homme collé aux crampons de Jo. Loin de son Moscato Show sur RMC, il joue un personnage actif et mystérieux. Il fera tout son possible pour aider Jo à monter une équipe de rugby. Une (belle) touche de féminité viendra aussi bousculer la vie tranquille de Jo et son fils. Karina Lombard, la plus américaine des actrices françaises, joue ici une Irlandaise qui vient reprendre une entreprise dans le village de Doumiac. Autre figure qui se joint au casting, Olivier Marchal, ex-flic, cinéaste et comédien (« 36 Quai des Orfèvres »), colle parfaitement à la peau de son personnage nommé « le Chinois ». Jo et lui ne se sont pas vus depuis 15 ans et vont se retrouver « tout naturellement » autour d’un verre, pour finir « tout naturellement » bourré comme des seigneurs.

Au bout de 90 minutes on apprend donc que plaquer ce n’est pas un truc qui s’apprend, c’est comme l’andouillette : on aime ou on n’aime pas. On apprend aussi qu’être le fils d’une légende, c’est difficile à porter, que ça peut même faire tout péter.

Jessica Fiscal

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