– Pourquoi tu pars?
Pour avoir une expérience à l’étranger. J’y resterai un ou deux ans. Pour la religion aussi. Les EAU c’est islamique, j’ai envie d’apprendre à lire et écrire l’arabe littéraire. Je ne parle que le dialecte Marocain.
– Pourquoi Dubaï?
On dit que c’est un pays qui se développe à fonds, qu’il y a des opportunités professionnelles. J’ai entendu un jour un auteur du Guide du Routard qui conseillait les jeunes diplômé qui veulent tenter leur chance à l’étranger d’y aller. Et puis c’est un pays du Moyen-Orient et je ne connais pas cette région. J’aimerais aussi visiter le Liban et Qatar.
– Quelle est ta formation?
J’ai passé trois ans en Angleterre où j’ai appris la langue et obtenu un Master en e-commerce.
– Tu as eu des problèmes pour trouver en France?
Oui. J’ai postulé en France avant même de rentrer d’Angleterre. Je voulais revenir dans mon pays, j’avais passé trop de temps au UK. J’ai donc postulé dans la région parisienne, j’ai fait pas mal d’offres. Je suis bilingue anglais français, j’ai un Master. Mais je suis un jeune de cité, un maghrébin. On m’a conseillé de postuler en changeant mon nom. Par fierté, je ne veux pas.
– Est-ce que tu pars fâché?
Non, tu sais c’est devenu tellement commun d’être traité comme ça en France, on est habitué. On se dit tous qu’on peut rien faire contre ça. Alors partir, c’est un peu notre revanche. L’idée de Dubaï est venue parce que les portes se fermaient en France. Mais ça me brise le cœur de quitter ma famille.
– Tu connais des gens là-bas, tu y es déjà allé?
Non jamais. Je ne connais que trois personnes.
– Est-ce que comme toi, d’autres Beurs partent à l’étranger, notamment à Dubaï?
Oui, j’en connais plein. (les gens qui nous entourent pendant l’interview opinent du chef)
– Quel message tu donnerais à ceux qui restent?
Faut montrer qu’on n’est pas des bons à rien. A l’Etat, aux recruteurs, aux racistes.
– Envisages-tu de partir pour toujours?
Oui, c’est bien possible. A Dubaï, comme aux Etats-Unis ou au Canada, on te juge juste sur tes compétences. Pas ici.
– Certains pourraient se dire, chic tous les Arabes quittent la France…
Je leur réponds: ceux qui ont des diplômes partent, les brûleurs de voitures, eux, ils restent.
Par Michel Beuret