Heureuse était l’époque des années 1960 où les regards avides et ravis des téléspectateurs français assistaient à l’avènement de la télévision couleur remplaçant l’écran noir et blanc. En cette rentrée 2006/2007, le petit écran semble vouloir encore plus prendre des couleurs. Durant cet été bien grisounet, c’est sur TF1 que l’on a pu voir le visage chaleureux de Harry Roselmack aux commandes du JT de 20 heures. PPDA étant aujourd’hui de retour, Harry se contentera de présenter l’émission hebdomadaire « Sept à huit». Du côté de la jeune chaîne M6, on a joué la carte de la jeune présentatrice d’origine maghrébine, avec Aida Touihri pour assurer le 12.50, (avec au passage des montées d’audimat records). Quant à la « pionnière » des journalistes de couleur, Audrey Pulvar, elle troquera de nouveau son costume pour présenter le 19/20 de France 3.

Tout ceci est-il significatif ? Le PAF est-il devenu ou plutôt est-il en train de devenir le reflet de notre société ? Il semble que l’enjeu qui se cache derrière ce mouvement favorable à la diversité à la télévision est politique. En effet, c’est la nomination de Harry Roselmack qui a fait le plus de bruit. Normal quand on sait que le 20 heures de la première chaîne est le plus regardé…d’Europe ! Or TF1 est connue pour ne pas être publique et pour avoir certaines affinités avec un certain parti de droite actuellement au pouvoir (nous avons déjà parlé du rôle de Nicolas Sarkozy dans cette nomination)…C’est bien de l’oxymore discrimination positive dont nous voulons parler. Alors ne risque-t-on pas de privilégier la diversité au profit de la compétence, au nom du combat contre les inégalités, inégalités qui sévissent particulièrement aujourd’hui dans l’univers du travail ?

Certains diront que l’ affirmation action est la seule solution pour réparer l’échec de la politique d’intégration. D’autres qu’il convient de s’en méfier.

Quoi qu’il en soit, le débat sur la représentativité des minorités ethniques à la télévision ne date pas d’aujourd’hui. Et au fond, on rechigne déjà à laisser de la place aux minorités en politique, puisque cela signifierait leur donner du pouvoir. D’ailleurs, ne dit-on pas des médias qu’ils sont le quatrième pouvoir ?

 

Par Hanane Kaddour.

Hanane Kaddour

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