L’écologie est à la mode. Même si le parti Europe Ecologie-Les Verts ne décolle pas dans les sondages, l’heure est à la préservation de notre planète. Depuis quelques temps, dans les villes de banlieue parisienne, de grands plans de rénovation urbaine sont mis en place. A Bondy, nombre de projets se succèdent. Objectif : détruite les grandes barres d’immeubles, les remplacer par des résidences de trois ou quatre étages. En prime : un gage de Haute Qualité Environnementale.

Mohamed a dû quitter son logement situé dans le quartier de De Lattre à Bondy, son immeuble étant voué à la destruction. Les habitants ont été reçus par la Maire en personne pour trouver une solution de relogement personnalisée. En quelques mois, de nouveaux immeubles sont sortis de terre. Des habitations modernes et neuves leur ont été proposées. Mohamed a finalement emménagé un peu plus loin, dans un nouveau complexe aux normes écologiques. Une solution d’abord perçue comme une aubaine par ce Bondynois.

Mais depuis son emménagement, Mohamed déchante. « Franchement, ça faisait très longtemps que j’habitais dans l’ancien appartement, et là j’ai du mal à m’habituer. Par exemple, avec l’écologie de l’appart’, au milieu de la nuit le chauffage est baissé et le matin, je caille ! ». Les nouveaux matériaux aussi ont des défauts : « Chez moi, ça résonne beaucoup. Si t’es dans une pièce et que tu parles, on t’entend partout.  Quand il pleut, il arrive que des gouttes tombent sur le sol, de quoi remplir un seau en quelques heures. »

La volonté de mettre fin aux grands ensembles des années 1970 et de les remplacer par des constructions à taille réduite est louable en soit. Mais la plus grande préoccupation des ménages louant ces nouveaux logements, c’est le loyer. Il a augmenté de 200 euros pour Mohamed, alors qu’il a une pièce en moins par rapport à son ancien logement. « Mais vous avez emménagé dans du neuf ! » C’est ce qu’il s’est vu répondre par Sylvine Thomassin, le Maire de Bondy.

Quant aux économies d’énergie, son porte-monnaie ne les ressent pas. Chez lui, pas de gaz. Tout fonctionne à l’électricité. Du côté de la Mairie, on se défend du mieux que l’on peut : « La ville se réorganise, les batailles pour acquérir des terrains d’État est parfois un parcours du combattant », se défend une élue municipale de la ville.

Pour les habitants des grandes agglomérations, trouver un logement social relève du parcours du combattant.  L’ancien Maire de Bondy devenu sénateur, Gilbert Roger, affirme pour sa part que  « certaines personnes ne comprennent pas qu’il faut parfois 8 ans pour avoir un logement, et moi non plus d’ailleurs. C’est énorme. Lorsqu’on veut lancer un projet de construction de logements, on met des années à cause de nombreuses difficultés ».

Un jeune du quartier de Bondy nord en pleine mutation regrette pour sa part le refus de certaines communes de construire les 20% de logements sociaux imposés par la législation. « Cela favorise encore plus la ghettoïsation des gens sur des critères sociaux ». La loi sur le droit au logement opposable n’arrange rien, dans les faits. De l’aveu même d’une élue de la municipalité, « cette loi ne fonctionne pas, je reçois des personnes dans mon bureau qui sont prioritaires, et qui n’ont toujours rien ».

L’association Emmaüs a tenté de remettre la thématique du logement au centre du débat politique en vue de la présidentielle. Dommage que cette thématique du logement en France est une question qui ne ressurgit qu’en période électorale et en période de grand froid.

Amine Benmouhoub

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