Gare Saint-Lazare, quai No 51, embarquement à bord du RER E, « Votre attention s’il-vous-plaît le train est à destination de Chelles Gournay. Le train desservira toutes les gares jusqu’à Chelles-Gournay, son terminus », Bip… Magenta, Pantin, Noisy-Le-Sec, Bondy. Bip… Et à l’instant même où le train démarre, commence mon voyage à la découverte du territoire bondynois.

La gare devient l’interface qui me permet d’entrer et de sortir de Bondy au gré de mes envies, le lieu de passage obligé entre mon univers quotidien et connu et le nouvel univers qui peu à peu se dévoile à mes yeux et dans lequel je dois prendre mes repères : Bondy. La gare, lieu d’entrée dans la ville, m’a marquée puis m’a suivie pour devenir le fil rouge de mon analyse urbaine, à travers le thème de la mobilité et de la proximité.

RER E, tramway 4, bus 105, 134, 143, 146, 147, 151, 234, 247, 303, 347, 351, 616 et Tub (ou Transport Urbain de Bondy)… En effet, Bondy est relié à un important réseau de transport en commun permettant de se déplacer aussi bien dans Bondy, qu’à l’intérieur de la Seine-Saint-Denis, et ce jusqu’à la capitale. L’ensemble de ces réseaux convergent vers un lieu central : la gare. Lieu de rencontre entre piétons, cyclistes, automobilistes et usagers des transports en commun, la gare constitue le nœud intermodal.

La brasserie Le Murat, le kiosque Relay, la cordonnerie de la gare, l’Intermarché, la pizzeria Pizza Time, l’épicerie d’alimentation exotique, le serrurier Paradiso, l’agence immobilière HIE, l’auto-école de la gare, M&E alimentation exotique, la Pharmacie de la République, le grand marché aux fruits et légumes mais aussi aux vêtements, accessoires et objets de toutes sortes, le petit stand du soir pour les fruits et les légumes, le marchand de maïs… Ces commerces, ces services, ces cafés, ces restaurants et ce marché viennent se greffer sur ce lieu de passage qu’est la place de la gare, appelée aussi Place de la République.

Horaires, destinations, quais, tickets sont autant de réseaux d’informations matérielles qu’immatérielles. La gare est à la fois lieu de voyage et lieu de la ville, mais aussi le « là-bas plus tard » et l ’« ici maintenant ». Elle est d’une part connectée à de lointains espaces et de l’autre, immergée dans un espace proche et constitue un lien réel à l’échelle métropolitaine. Alors comment appréhender ce « morceau de ville », ou plus exactement ce « lieu-mouvement » qui cumule tous ces paradoxes ?

Comment transformer le temps contraint ou le temps d’attente à la gare en réel temps libre, voire en temps gagné ? Passage obligé pour de nombreux Bondynois, la gare constitue le lieu propice pour proposer une offre en termes de proximité, afin d’intégrer les achats réguliers de chacun au trajet reliant le domicile au travail, d’accomplir les dernières tâches de la journée sans perdre de temps.

En seulement 15 minutes, le RER E relie les Bondynois à la gare Saint-Lazare et créé un lien à l’échelle métropolitaine. Seul point noir, la ligne de chemin de fer traverse le territoire communal qu’il scinde en deux parties, plus précisément en une rive Sud et une rive Centre. A l’heure où tous les projecteurs sont tournés vers ce que l’on peut nommer la « trame bleue » ou la « politique d’ouverture de la ville sur le fleuve », une ouverture stratégique qui fait l’unanimité pour renouer avec l’eau, ne peut-on pas envisager ce même engouement envers le paysage ferroviaire ?

Beaucoup de similitudes relient les cours d’eau et l’infrastructure ferroviaire : premièrement, ils constituent tous les deux une réelle limite physique difficilement franchissable, séparant la ville en deux rives. Ils représentent aussi le lien et l’échange par l’intermédiaire du transport de voyageurs ou de marchandises. La question des franchissements d’une berge à l’autre semble primordiale. A l’inverse du fleuve, l’infrastructure de transport, résulte uniquement du désir et des besoins des hommes. Son intégration dans le tissu urbain de nos villes reste à réfléchir.

La vallée ferroviaire possède pourtant de multiples facettes paysagères qu’il parait important de valoriser. La première tient au fait que ce paysage est constitué par l’accumulation d’éléments d’infrastructure, que l’on peut qualifier de paysage de l’ordinaire de notre époque. Le deuxième tient au fait que la « nature » infiltre le bord de la voie ferrée et le cœur des ilots constitué par les rails. Le passage du train, instant bref et sonore, rythme ce paysage ferroviaire et évoque l’imaginaire collectif du voyage. Finalement, le dernier paysage est celui qui créé de toutes pièces par l’infrastructure de transport, que l’on peut qualifier de paysage « vu par la fenêtre », faisant défiler de manière linéaire et continue un paysage à l’échelle territoriale.

Comment penser les berges de la voie ferrée en termes de lien pour les piétons et les cyclistes ? Quelle importance donner à la gare au sein de ce territoire ? En quoi la gare de Bondy possède-t-elle le potentiel de se développer afin de devenir le lieu attractif de la ville ? Finalement comment faire cohabiter sur un même territoire le paradoxe d’un lieu de vie des habitants mais à la fois un lieu de voyage, de découverte et de mobilité ? Telles sont les questions autour desquelles ma réflexion sur le projet va s’articuler.

Clémentine Arrou-Vignod

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Clémentine Arrou-Vignod

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