Il est 16 heures, le ciel est gris, comme souvent ces jours à Bondy. Mais sur le terrain qui sépare la mairie de l’église, le temps ne décourage pas tout le monde. De l’autre côté de la route où le Café Tabac le Fontenoy a survécu à la démolition, Michel, Daniel et une dizaine d’autres « aînés » et de jeunes retraités jouent aux boules. Et plutôt bien. « On est là tous les jours de 14h30 à la nuit tombante », explique l’un d’eux qui vient de tirer (à moins qu’il n’ait pointé, je ne sais plus). Les joueurs, détendus, sont alignés le long de la trajectoire des boules et commentent: « C’est pô comme ça qu’j’tai appris à jouer toi!? »

Michel, un bonnet breton sur la tête et une allure de marin s’apprête à prendre son tour. « On peut vous lire où? » En entendant la réponse, il lâche: « Sur le net? Ça tombe bien, je pars à l’île Maurice dans quelques jours ». Un autre, les mains dans le dos, à la manière des personnages de Pagnol, commente: « C’est cher Maurice, t’es riche toi! Moi j’irai en Egypte je pense, y a le soleil, y a tout c’qui faut là-bas ». « Oui, mais moi je pars définitivement », ponctue Michel, « je reviens plus ici ». « Putain d’salope, faut un pointeur! », s’écrie un joueur dans le peloton. Daniel est Guyanais, quelques cheveux gris, le teint rougit par le froid. Comme le Vietnamien de l’équipe, ils se contentent de regarder. « Au-dessous de 20 degrés, les gars des pays chaud comme nous, on est HS » rigolent-ils. Mais pour la forme, Daniel tire quand même une petite boule dans son coin, histoire de montrer qu’il est pas un manche et à une distance de bien quinze mètres, il fait mouche.

Par Michel Beuret

Michel Beuret

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