Ce mardi 09 octobre, France 2 diffusait en première partie de soirée un documentaire intitulé « Ta mère en 6ème ». Pour faire court des parents de collégiens inscrits en 6ème, reprennent le chemin de l’école avec leurs enfants de 10 ans. Un retour en enfance: trousse, livre, cahier, agenda et carnet de correspondance sont bien dans le cartable car on se plie vraiment à toutes les règles du collège. L’idée est de se mettre dans la peau d’un élève de 6ème en 2012. Les parents étaient quelque peu déboussolés, pas facile de se replonger dans le milieu scolaire quand on a dépassé l’âge apparemment… Impossible de sortir pour une pause cigarette, pas de café après le dessert à la cantine. Dur, dur…

En voyant 10 minutes du documentaire, j’ai pensé qu’il serait intéressant de reproduire la même expérience mais cette fois-ci en Terminale.

Pourquoi la Terminale? Peut-être parce que je suis en plein dedans, mais aussi parce que les « adultes » – un mot à prendre avec des pincettes, à 17 ans, il paraît qu’on l’est à moitié – ont tendance à dévaloriser cette classe qui est pourtant le bout du tunnel de notre scolarité. Combien de fois ai-je entendu « Ah non mais de toutes façons de nos jours le Bac on le donne ». Ah bon?

A ces personnes là… Je vous propose quelque chose de simple: venez faire un mois de cours avec moi et on verra bien si le Bac est gratuit.

Debout tous les jours à 6h35, la course après la montre peut commencer. En parlant de course il faut accélérer le pas pour attraper son tram ou son bus.

Dès 8h30 la concentration doit être optimale pour comprendre ce que raconte le prof de math ou d’économie. Surtout qu’en Terminale la plupart des professeurs estiment qu’on est suffisamment grands pour prendre des notes, la concentration est donc multipliée par 3 parce qu’en plus de comprendre ce qu’il se dit, il faut sélectionner ce qui est important à écrire. Pas évident quand le prof va à une allure phénoménale, eh oui « il faut finir le programme ».

Garder la même concentration quand on fait dans la même journée 2 heures de philosophie, 2 heures d’économie, 4 heures 30 d’histoire (oui, oui ça existe), sans compter les heures d’anglais, d’espagnol qui se baladent, c’est juste mentalement impossible.

Entre cette accumulation d’heures de cours, il y a bien sûr la pause du midi. Seulement, nous n’avons pas plus d’une heure pour déjeuner, sauf le vendredi on nous a généreusement accordé 1h30 de pause. Waouh !!! Tout juste le temps de faire la queue à la cantine ou pour d’autres de courir au grec du coin, de manger en speed, parler 2 minutes 30 avec les copains/copines pour remballer bagages et foncer en cours.

Une fois cette magnifique journée achevée on rentre à la maison, en courant pour ne pas  changer parce qu’il fait froid et qu’on ne veut pas rater son bus, de toutes façons on n’a pas le temps de traîner, d’aller s’aérer l’esprit. On n’a jamais le temps de rien si vous remarquez bien. Eh oui il faut rentrer, le travail n’est pas fini, la journée est peut être terminée au lycée mais pas à la maison: place aux devoirs!

Quand je dis « devoirs » je ne parle pas de recopier les cours ou de faire une recherche dans telle ou telle matière. Non, je parle de composition en histoire, de préparation de contrôle d’espagnol, de traduction en anglais, de dissertation en philo, de question de synthèse en économie. Passionnant, peut-être mais on n’a qu’une tête, dix doigts, deux jambes et deux bras.

Vous, fonctionnaires, cuisiniers, policiers, employés de poste ou chef d’entreprise quand vous rentrez chez vous à 18h30 et parfois même 19h30 vous avez envie de prolonger votre journée jusqu’à minuit, parfois 1h du matin, pour vous levez à nouveau à 6h35 le lendemain?

Je ne vous parle même pas des weekends fascinants que l’on passe: entre les bacs blancs du samedi matin et les révisions pour les évaluations du lundi il y a très peu de temps libre.

Attention aux interprétations douteuses, je suis loin de tenir le discours habituel: « C’est de la faute des profs » bien au contraire, étant donné qu’ils travaillent autant que nous: ils préparent leurs cours, animent leurs cours, corrigent nos copies. Mais c’est sur le système de l’Education nationale qu’on peut s’interroger. Il présente peut être des failles: programmes trop chargés, épreuves du bac qui ont le risque de changer toutes les 3 semaines, classes à 36 ou 37 élèves parce qu’il n’y pas assez de profs et trop d’élèves. A l’heure où le gouvernement s’interroge vraiment sur la question de l’éducation, du nombre d’heures de cours en primaire, du temps de cantine… Il faudrait peut-être se pencher également sur les problèmes rencontrés au lycée.

Quand je discute avec la génération au dessus de la mienne, j’entends plus d’une fois dire « mais on vous en demande beaucoup trop, moi si je devais passer le bac aujourd’hui je ne suis pas sûr de l’avoir, et pourtant j’estime avoir réussi ma vie »

Nous savons bien que c’est de toute manière le prix à payer pour avoir notre Bac et choisir le métier que l’on veut. Et dans tous les cas c’est un choix car si on voulait dormir toute la journée, aller faire du shopping pendant les heures de cours ou clairement arrêter l’école, rien ne nous en empêcherait car nous avons tous plus de 16 ans en Terminale, donc nous avons passé l’âge obligatoire pour être scolarisés. Seulement c’est loin d’être l’objectif, l’objectif étant justement d’avoir ce bac et de continuer après.

Alors, vous venez partager un mois de cours avec nous?

Sarah Ichou

Articles liés