A l’approche des grandes vacances d’été, tout le monde a la même question sur les lèvres : tu pars où en vacances cette année ? Comme si votre interlocuteur ne connaissait pas la réponse… Ben au bled, voyons. Seulement voilà, le terme bled recouvre plusieurs situations, toutes différentes les unes des autres. Partir en Tunisie ou au Maroc, ce n’est pas la même chose que partir en Algérie. Question prix, déjà. On a beau se dire que l’Algérie est le plus beau pays du monde, qu’on en est fier, quand on voit le coût du billet d’avion, ça fait mal au porte-monnaie. Pour un vol « sec » aller-retour, c’est-à-dire sans escales, le meilleur tarif s’élève à quelque 500 euros. Ça relève du miracle, car pour espérer avoir un billet à ce prix-là, il faut s’y prendre très, très tôt. Au mois de juin, il est déjà trop tard. Trop tard pour trouver une place « à un prix abordable », ou trop tard pour dénicher une place tout court. Les prix peuvent atteindre 1 150 euros.

1 150 euros, pour deux heures vingt minutes de vol, mal assis, avec des hôtesses de l’air qui se prennent pour tout sauf pour des hôtesses (elles vous regardent d’un air menaçant lorsque vous leur demandez de faire leur travail, si si, c’est vrai). Ces tarifs prohibitifs s’appliquent en principe à des destinations lointaines, tels la Bolivie ou les Etats-Unis. « Mais l’Algérie, c’est l’Algérie, c’est unique », s’efforcent de répéter les parents au moment de débourser, avec un haut-le-cœur, cette somme faramineuse. C’est surtout depuis les heures noires du terrorisme en Algérie, dans les années 1990, que les choses se sont corsées. Auparavant, les compagnies proposant des vols vers cette destination étaient « nombreuses ». Aujourd’hui, elles se comptent sur les doigts d’une main, à laquelle il manque déjà des doigts… Pour les destinations autres qu’Alger, il n’y a que deux compagnies: Air Algérie et depuis peu Aigle Azur. Avec la première, si votre billet indique un départ le 10 juillet à 7 heures du matin, inutile de vous prendre la tête pour être en avance à l’aéroport : la compagnie accuse des retards records dignes de figurer au Guiness Book (jusqu’à une journée, parfois).

Aussi, l’épisode de la prise d’otages des passagers du vol Alger-Paris par des membres du GIA en décembre1994 a-t-il été l’amorce de l’arrêt temporaire des vols reliant les deux capitales par la compagnie Air France. Un embargo aérien qui a duré huit ans. Avec le retour d’Air France au compteur, un éventail plus large de choix est offert aux voyageurs. Mais, dans les faits, il s’avère que les parents, de nationalité algérienne, et, dans la foulée, leurs enfants, qui n’ont souvent d’algérien que l' »origine », préfèrent se tourner vers la compagnie nationale Air Algérie, un peu par respect pour le pays qui les accueille, chaque été, comme ses enfants retrouvés.

Hanane Kaddour

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