La date d’ouverture était prévue pour le 18 novembre au matin. Mais ce même jour se jouait le match de foot Egypte-Algérie pour une place au mondial. Je pense que par mesure de sécurité, l’établissement a jugé plus prudent d’ouvrir quelques jours plu tard. Il était attendu depuis des mois. Dans la bouche de tous les jeunes balbyniens, il n’était question que de lui.

Sur Facebook, son ouverture était annoncée en majuscules. On y parlait des jours où on irait là-bas, avec qui, en sachant déjà ce qu’on prendrait. Non, je ne parle pas d’un magasin discount dernier cri mais d’un lieu de restauration rapide. Celui qui est réputé pour être en majorité africain côté personnel. Vous l’avez deviné, c’est du Kentucky Fried Chicken qu’il s’agit. Le KFC, en lettres de noblesse. Son arrivée est vécue comme une révolution à Bobigny. Le nouveau Messie s’installe à la limite de Bobigny et Drancy. « Juste en face de l’arrêt du tramway, son accès est simple et rapide », se félicitent les jeunes du coin.

Etant actuellement une pauvre étudiante habituée au sandwich à 2€ de la fac, débourser 6,75€ pour un menu au KFC, c’est un luxe. J’ai donc attendu d’avoir 10€ en poche pour m’y rendre. Comme ça, je prends un dessert avec ! Me voilà devant ce nouveau fast-food. Tout est clean. Normal, il est neuf. Sur deux niveaux, avec une aire de jeu pour les petits et une terrasse au premier, il est énormément apprécié.

On a encore à l’esprit les polémiques sur la hallalitude du KFC. Rien à faire, le poulet c’est bon, donc je le mange quand même. Bon nombre de jeunes sont d’accord avec moi. D’après les dires, un Saoudien aurait racheté la compagnie, ce qui conférerait d’office le label hallal au poulet. Bref, c’est bon et on se régale et en silence.

De l’autre côté du rond-point où se trouve ce resto, un confrère s’inquiète pour son chiffre d’affaire. Ce pourrait être – il l’est sans doute – l’ami de mon collègue Idir, un grec, nommé « le 2004 ». Réputé pour être le meilleur du coin, rempli à toute heure de la journée, son patron se fait du mauvais sang à cause de la concurrence. Que choisir après un bon match de basket ? Un grec ou un KFC ? Dilemme ! Surtout que jusqu’à il y a un mois, nous les Balbyniens, nous rendions à Bondy ou Rosny pour manger du poulet frit. Aller se taper un repas gras après avoir sué sur un terrain, n’est certes pas ce qu’il y a de plus indiqué. Mais c’est l’occasion de débriefer le match et de se remémorer toutes nos bêtises des cours élémentaires.

Aujourd’hui, on possède un KFC sur notre « terrain », avec nos amis en guise de serveurs. Le manager a eu la bonne idée de recruter des jeunes du coin pour servir son poulet. Certain n’ont même pas encore la majorité. Bien joué patron, pour une fois, on a fait confiance à des jeunes pas spécialement expérimentés dans la vie active.

Ce fast-food n’est ni plus ni moins que le cadeau de Noël fait aux Balbynien. J’oubliais ! Il est équipé du système boissons à volonté lorsque l’on mange sur place. De grands rushes à midi et le soir en prévision ! Bien entendu, il s’annonce des plus rentables car son emplacement, en dépit de sa proximité avec le grec, a été bien réfléchi. Un collège-lycée privé en face, situé sur la ligne du tramway T1 (Noisy-le Sec-St-Denis), un hôtel à côté, d’autres établissements scolaires deux stations plus tôt ou plus loin, et l’entreprise Chronopost juste derrière.

Tout était calculé, ça se sent. Le seul bémol, à en croire les jeunes clients, c’est la fontaine à boissons. A volonté, oui, mais elle se trouve au niveau inférieur tandis que les tables sont à l’étage. Descendre remplir son verre les mains pleines d’huile, ce n’est pas top. Voilà comment KFC fait des économies…

Inès El laboudy

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