TF1 et les cités, ça ne fait que commencer. La chaîne s’est débarrassée de captain Charles Villeneuve, préalable aux « négociations ». Du « Droit de savoir », on passe au droit de comprendre. Changement d’optique : le plan « éradication banlieues » fait place à un « plan banlieues » tout court, made in Bouygues. Enfin, en principe. Voici le programme.

Parlons des objectifs. Ceux de TF1, d’abord. Premièrement : envoyer Harry Roselmack, présentateur vedette du JT, à la rencontre de lycéens de banlieues, accompagné du directeur de l’info de la chaîne, Robert Namias, et de la présidente de la Fondation TF1 en charge de ce projet, Samira Djouadi. Grosso modo, l’enjeu, pour TF1, est le suivant : mieux expliquer son travail d’information pour mieux se faire accepter dans les quartiers. Ensuite, la chaîne va recruter des « talents » dans les cités pour les former, pendant deux ans, tous frais payés, aux métiers de la télévision (journaliste, cadreur, preneur de son, réalisateur, scénariste, etc.).

Passons à notre objectif : assister – avant la conférence de presse que TF1 devait donner demain pour exposer son propre « plan banlieues », finalement reportée en mars en raison de la présentation vendredi du « vrai »  plan banlieues par Nicolas Sarkozy – à la première rencontre entre des lycéens et le trio Roselmack-Namias-Djouadi. Ce n’est pas gagné. Serait-on face à un tabou ? Appel à la Fondation TF1 : « Nous n’avons invité aucun journaliste aux rencontres se tenant avant notre conférence de presse, nous indique-t-on. Ce n’est qu’après que les médias auront la possibilité d’y assister. »

Nous apprenons toutefois que la première de ces rencontres en catimini TF1-banlieues aura lieu le 21 janvier « dans un lycée de Cergy » (95). Nous remercions la personne de la fondation et poursuivons nos recherches, bien décidés à ne pas lâcher le morceau. Nous contactons alors par téléphone les quelques lycées de Cergy pour essayer de savoir dans lequel les représentants de TF1 doivent se rendre. Nous tentons le lycée Galilée, lycée général. Au bout du fil, trois interlocuteurs se relaient. Aucun d’eux ne semble être au courant de quoi que ce soit. C’est foutu, premier échec ! Le 21 janvier passe.

Plus tard, nous apprendrons que c’est bien dans ce lycée que la délégation black-blanc-beur de la chaîne a réalisé sa première rencontre avec des BTS Communication d’entreprises. Nous retentons le coup :  « Allo, le lycée Galilée ? Bonjour Madame, pouvez-vous nous dire s’il vous plaît comment s’est passée la journée avec TF1 ? » La secrétaire de l’établissement nous assure qu’elle va transmettre notre demande. Elle prend note de notre numéro et ajoute avec sérieux : « Très bien, je le donne au professeur coordinateur de la journée, il vous contacte ce soir ou dans les jours suivants. » Nous n’aurons aucune réponse du lycée, du prof ni de personne d’autre. Même les élèves sont discrets. Rien ne filtre. Toujours ce vague, ce flou, ce brouillard.

Abandonner ? Sûrement pas. Nous avons l’intention de nous rendre au prochain « après-midi rencontre », mi-février, au lycée Jacques Brel de La Courneuve (93). Nous appelons l’établissement. La direction nous confie : « Nous faisons ça pour les élèves, il ne faut surtout pas prendre cette rencontre pour un partenariat avec TF1. » Nous inscrivons le rendez-vous de la mi-février sur nos agendas, impatients d’assister à cette confrontation entre la grande chaîne privée et des lycéens. A moins qu’il nous faille encore une fois attendre que la conférence de presse de TF1 ait eu lieu (en mars donc).

Mehdi Meklat et Badroudine Said Abdallah (Ecole du blog)

Mehdi et Badroudine

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