La première, c’était en 98. J’avais 3 ans, beaucoup trop jeune pour comprendre et ressentir la ferveur de la France à cette époque. Vingt ans après, voici que j’ai vraiment vécu une finale de la coupe du monde ! Je ne suis pas une grande fan de foot mais une compétition comme celle-la, ça ne se rate pas, surtout quand ce sont tes couleurs sur le terrain.

A Bastille, l’allégresse s’est très vite emparée des rues : cornes de brume, bonnets de coq, maillots, drapeaux puis une fois le match entamé, les cris et les applaudissements des supporters. Les noms de Mbappé, Lloris et Griezmann sont scandés à tout va, comme s’ils étaient devenus le nouveau slogan national. Les supporters presque hypnotisés hurlaient à la moindre passe, à la moindre faute comme si tout le monde jouait, comme si tout le monde était sur le terrain.

Au premier but français, moment indescriptible. Avec mes amies nous étions prises dans un tourbillon d’excitation et de joie. Mais il fallait garder la tête froide, le match était loin d’être terminé. La première mi-temps achevée, une parade musicale tambourine place de la Bastille. Tout le monde danse, chante et immortalise le moment. Paris s’extasie. La France rêve déjà de victoire.

Le match reprend, les esprits aussi : ce sont les dernières 45 minutes. La France mène, la fin se dessine, la victoire aussi. Le coup de sifflet final retentit… La France est sacrée championne du monde ! La folie s’empare d’une ville entière, d’un pays entier. Tout le monde saute, court, crie et pleure de joie. La circulation devient anarchique, les automobilistes klaxonnent et font vibrer leurs moteurs. On monte sur les voitures, les camions, les statues et les abris-bus, n’importe quoi pourvu qu’on prenne la hauteur pour vivre et observer ce joyeux bazar !  Les fumigènes aux couleurs du drapeau embaument l’atmosphère. On se tape dans les mains et on s’incruste sur les snaps des gens !

C’est la première fois que je vivais une telle ambiance à Paris. C’était incroyable, personne ne se fatiguait, plus le cortège avançait, plus l’énergie était grandissante. Paris riait, la France était heureuse. Pour ma part, le bonheur, je le savourais autrement. Ce n’est pas juste Mbappé, Griezmann ou Pogba qui ont marqué. C’est toute la jeunesse des quartiers, ce sont des fils du Cameroun, d’Algérie, du Portugal, de Guinée, du Mali qui ont élevé la France jusqu’à cette coupe du monde. Pour moi, ce n’est pas seulement un trophée en or qui est brandi mais bien toute la richesse française qui est applaudie. Elle se trouve ici la véritable victoire. C’est la France du melting pot, la France mixte qui défile dans les rues pour cette victoire. C’est ma France qui a gagné, ma France qui est championne du monde ! Voilà pourquoi je la trouve belle cette deuxième étoile.

Ferial LATRECHE

Articles liés

  • Langue(s) et origine(s) : « l’arabe et moi »

    Pourquoi en France un certain nombre de parents n'ont pas ou peu transmis leur langue maternelle à leurs enfants ? Pour tenter de répondre à cette question, nos blogueuses et nos blogueurs explorent leur histoire familiale. Ramdan nous parle, ici, de son rapport à l’arabe.

    Par Ramdan Bezine
    Le 02/06/2023
  • Ahmed : de prisonnier au Soudan à bénévole auprès des plus démunis à Paris

    Les sept vies d’Ahmed. On peut résumer ainsi le parcours semé d’embuches de ce réfugié soudanais en France depuis plusieurs années. Aujourd’hui, il emploie une grande partie de son temps libre à aider les autres. Portrait d’un bénévole militant.

    Par Christiane Oyewo
    Le 01/06/2023
  • Jeux Olympiques, Grand Paris : sur les chantiers, « les profits avant les vies »

    Précarité du travail, négligence de la formation, recours massif à une main d’œuvre sous-traitante ou intérimaire… Sur les chantiers du Grand Paris et des Jeux Olympiques, l’organisation du travail met en danger les ouvriers. À l’approche des JO, les cadences s’accélèrent et avec elles les risques encourus par les travailleurs. Matthieu Lépine, auteur de L’hécatombe invisible, revient pour le Bondy Blog sur les conditions de travail sur ces chantiers.

    Par Névil Gagnepain
    Le 25/05/2023