OK, Bondy c’est bien. Mais il faut garder quelques miettes pour les gens des autres cités. Quittons même le « 93 » pour s’aventurer au « 78 », le Département des Yvelines, réputé plus calme. Plus calme? Y’a quand même là-bas des noms fleuris mais des cités réputées « hard »: Mantes-la-Jolie et son Val-Fourré, Chanteloup-les-Vignes… Et les Mureaux. Je ne peux pas venir en région parisienne sans prendre des nouvelles de Marie et de ses filles. Marie habite aux Mureaux. Ça a aussi pété, là-bas: bus caillassés, affrontements avec la police. Diagnostic de Marie: « j’ai vécu plus de dix ans à proximité de ces cités, de ces zones dites de non-droit. Tu sais, on finit hélas par s’habituer à tout. La première fois, lorsque le concierge t’avertit, alors que tu ne l’écoutes que d’une oreille, qu’il faut faire attention le mercredi, parce que le mercredi c’est le jour de livraison de la drogue, et que toi tu pensais qu’il te parlait du jour où on sortait les poubelles, tu es forcément choqué. Dans les cités, le problème c’est les 5% de gens qui terrorisent les autres. La drogue circule autour des lycées. Tout le monde le sait. Tout le monde se tait. Les RG ont des dossiers haut comme cet immeuble. La police, pareil. Mais c’est comme un puits sans fond. Malgré les immenses efforts des milieux sportifs et associatifs, les gangs gangrènent les quartiers. L’avenir des jeunes? Tu sais, quand des gosses de 10 ou 12 ans reçoivent 50 euros par soirée pour faire le guet pendant que les plus grands se livrent à leur trafic, tu crois qu’à 18 ans ils vont se défoncer pour toucher le Smic? Faut pas rêver!… »

 

 

Par Roland Rossier

 

Roland Rossier

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