Chaque démolition engendre son lot de déménagements. Et les dernières familles à être relogées sont les familles aux situations les plus complexes. Ils atterrissent le plus souvent, en désespoir de cause, dans un autre immeuble condamné à moyen ou court terme. La famille Z. en est à son 3e déménagement forcé. Elle a vécu toutes les démolitions de cette ville de banlieue. Une vie en autarcie ponctuée par des exils douloureux à commencer par le plus difficile, celui d’Algérie en 1962 avec 4 enfants en bas âge.
A 85 ans, madame Z est toute menue, souriante malgré quelques soucis de santé qui la clouent dans un fauteuil roulant. L’ascenseur de son immeuble étant très étroit, elle ne peut plus sortir de son logement. Cela dit, elle n’en a pas plus vraiment envie. Peut-être aussi que le statut de juif pied-noir n’est pas facile à porter dans ce quartier particulièrement agité. Madame Z est l’image exacerbée de ces mamans juives que décrivent les humoristes. Sur les 4 enfants qu’elle a eu, un seul - l’aîné – a réussi à sortir du nid, construire sa vie et faire des enfants. Les trois autres, âgés maintenant de 40 à 50 ans, vivent tous avec leur mère et sont suivis par les services psychiatriques.
La démolition de leur immeuble est prévue pour 2010.
Ariane
Ariane –