Qu’est ce qu’on trouve quand on fouille la terre sous un hôpital musulman à Bobigny ? Moi, j’aurais dit un couscoussier ou un tapis de prière. Mais non. On trouve nos ancêtres les Gaulois : 514 tombes, datées à partir de 250 avant Jésus-Christ ou dans ces eaux-là. Heureuse découverte faite à l’occasion de travaux à l’hôpital Avicenne. Neuf mois de fouilles plus tard, les archéologues ont eu la bonne idée de monter une exposition, sur place s’il vous plaît, pour que les locaux en profitent. Yves Le Bechennec, responsable des fouilles (à gauche sur la photo en compagnie de Lionel Pernet), a bien voulu tailler le bout de gras avec le Bondy Blog, pour un petit briefing sur les Gaulois de la Banlieue.

Petite devinette, quelle est la différence entre un Gaulois et un grand-père malien ? « Cinquante centimètres de terre, s’ils sont enterrés en Champagne », répond d’entré de jeu Yves Le Bechennec soudain très Grande Guerre, qui reconnaît qu’il y a une sympathique symbolique à trouver du Gaulois dans un hosto de muslims, portant le nom d’un illustre philosophe et médecin persan. « C’est surtout pour remercier tout le personnel de l’hôpital et les patients pour leur soutien que nous avons décidé de monter cette exposition sur place. »

Pour la petite histoire, les Gaulois arrivèrent dans ce qui sera la Gaule aux alentours de 450 avant J-C. Grosse déception pour moi qui pensais qu’Astérix avait chassé le sanglier en Armorique depuis la nuit des temps. « A cette aune-là, le seul habitant légitime, c’est le lapin arctique », ironise Yves Le Bechennec. La conversation avec cet éminent archéologue pourfend sans aucune pitié tous nos vieux clichés sur les Gaulois : ils ne mangeaient pas de sangliers, contrairement à certains de mes contemporains kabyles… « Cochon, cheval et même du chien », c’est ce qu’ingurgitaient les ancêtres. « Si on compare les résultats de nos fouilles avec celles de Bondy qui correspondent à une période beaucoup plus tardive, on se rend compte que l’alimentation, 250 avant ans Jésus-Christ, semblait plus saine, il y avait moins de fractures, des lésions guérissaient mieux chez nos Gaulois qu’au début du moyen âge. »

Si la Gaule était couverte de forets, comme la décrit César dans « La Guerre des Gaules », les Gaulois ne vivaient pas pour autant en harmonie totale avec la nature : « La métallurgie avait une place prépondérante, avec des centres et des villages d’artisans. Quand il fallait découper une forêt, ils y allaient. C’est très loin de l’image « petite maison dans la prairie » qu’on peut se faire de cette époque. »

Certaines routes empruntées dans la région le sont toujours aujourd’hui, comme quoi les fils de banlieues perpétuent un peu les vieilles habitudes gauloises en allant faire les courses à Rosny 2, par exemple. Rappelons également qu’en raison de la nature de son sol, la Seine-Saint-Denis conserve très bien les ossements. De vrais trésors d’histoire, pas seulement des dossiers humiliants sur les potes, mais d’authentiques sites archéologiques foisonnent au bas de nos cités.

L’expo aura lieu du 23 octobre au 4 janvier. A ne pas manquer pour tous ceux qui veulent découvrir ces bons vieux Gaulois et effacer à tout jamais de notre mémoire les images sataniques et traumatisantes véhiculés sur nos ancêtres par le biais du film « Vercingétorix ».

Idir Hocini

Idir Hocini

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