Parlons-en, le rendez-vous dominical, animé par le présentateur Frédéric Haziza avec la collaboration du journal du Dimanche traite des sujets qui font l’actualité. Pour cela l’émission fait appel à des parlementaires, intellectuels, artistes, experts et autres personnalités de la société civile. C’est donc en ce sens que le philosophe et anthropologue Malek Chabel, l’écrivain Marek Halter, et le vice-président du Front national ont été conviés à débattre de la question suivante : « faut-il réformer l’Islam ? »

Durant ces dernières années, la question de l’Islam en France a occupé une place importante dans les débats politiques. Ainsi nos dirigeants, qui ont parfois une méconnaissance de cette religion, se sont questionnés sur la compatibilité de l’Islam avec les valeurs républicaines : c’est-à-dire la laïcité, les droits des femmes, etc.  Dès lors, l’Islam est placé au cœur des débats et devient, à tort, une question politique et non spirituelle.

L’émission suit donc cette logique, qui ferait de l’Islam une question politique et non spirituelle, en allant demander aux parlementaires s’il faut oui ou non reformer l’Islam. A cette interrogation,  le député UMP de l’Indre-et-Loire, Claude Greff, répond sans détour que « l’Islam est une religion et c’est donc à elle seule de s’occuper de sa réforme ».  Cette réponse, soutenue par les députés Razzy Hammadi, Nicolas Dupont-Aignan et Olivier Falorni dans le reportage, est à mon sens très juste pour plusieurs raisons. La première raison se trouve bien évidemment sur le plan laïc. En effet selon moi, charger les pouvoirs publics de statuer sur le sort de l’Islam en France, c’est aller contre la loi de 1905. La démarche risque donc de faire vaciller l’un des piliers de notre République, la laïcité.

En outre, donner la possibilité à des parlementaires de réformer une religion, qu’elle soit musulmane, chrétienne ou juive, c’est donner l’occasion à certains partis politiques, comme le Front national, de l’instrumentaliser à des fins politiques. Ce qui aura, à mon sens, pour effet d’éveiller la peur chez les uns et la crispation chez les autres, et donc d’opposer les uns contre les autres en instaurant un climat de méfiance.

Ce sont certainement ces raisons qui poussent Malek Chabel à inciter les musulmans de France à prendre en main la réforme de leur religion. Pour cela, il suggère, en premier lieu, un meilleur apprentissage de la religion musulmane aux musulmans. Ce que je trouve très bien puisque cela permet d’éviter les fausses interprétations des textes religieux et donc d’endiguer en quelque sorte le radicalisme de certains. De plus, le philosophe souhaite une discussion entre musulmans après une relecture des textes afin d’actualiser l’Islam.

Réformer l’Islam ou instaurer un Islam de France ne doit donc pas se faire aux dépens des musulmans. Par ailleurs, j’estime que la reforme ne doit se faire que si les musulmans en ressentent la nécessité. Par conséquent, la question qu’on devrait se poser c’est : la réforme de l’Islam, pourquoi pas? Mais par qui ? Et comment ?

Mohamed K.

« Il faut lutter contre celui qui ne respecte pas la République ! » « Quand il y a atteinte aux grands principes de la République, il faut appliquer la loi et quand cela est justifié, la renforcer ! » « Il y a pour certains une forme d’instrumentalisation de l’Islam avec une radicalité qui est donnée à l’Islam, d’une façon décalée de la réalité de cette religion. » « Toute religion doit respecter la République, voilà c’est tout ! » Ce sont les bruits de couloir de notre chère Assemblée nationale, majoritairement enclin à cette réforme ! Les idées s’affrontent, se bousculent dans des faces à faces musclés sous fond de fausse diplomatie.

« Pourquoi le Front national donne t-il l’impression de faire, de la peur de l’Islam, le centre de ses préoccupations, de son programme ? » C’est une belle entrée en matière ! Cette question pertinente, il se la pose, je me la pose. Je pense qu’un bon nombre de Français se la pose également car le Front national est connu pour ses amalgames.

« Non, je crois que c’est une mauvaise lecture ! Le Front national fait du centre des ses préoccupations la prospérité de la France, du peuple français et le respect des valeurs de la République française», répond interloqué le vice-président du Front national à son assaillant. Vous ne croyez pas si bien dire, on vous croit Monsieur Philippot, on est de tout coeur avec vous, « et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d’alu ! »

« L’Islam est une religion nouvelle en France, du fait d’une migration massive essentiellement ! » d’après Florian Philippot. Jusque là, on va dire ça se tient, Monsieur Philippot, c’est un constat raisonnable ! Allez, j’attends la suite maestro, faites moi vibrer !

« Il est normal que ça crée des tensions, que ça crée des problèmes, que ça crée parfois du communautarisme et il est normal que le peuple français ait été bousculé », réitère le cavalier fou du FN. Les stéréotypes que l’on connaît tous s’enchaînent à une vitesse hallucinante : le port du voile, les prières dans les rues, l’assimilation de l’Islam au terrorisme, tous les citer mettrait une année entière …

Donc d’après vous monsieur Philippot, l’Islam serait responsable des maux de la France ? Qu’est-ce qui se passe, le disque serait-il rayé ? Ce message nauséabond n’a pas vraiment d’incidence car il est le même depuis que le monde est monde ! On déguise ces noirs desseins par des sourires et des belles paroles mais il faut appeler un chat un chat. Ce débat ressemble à des poupées russes, avec en exergue cette phrase aussi vieille que le papyrus caché sous la plus petite des poupées : bandes d’immigrés, rentrez chez vous !

Lansala Delcielo

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