Me voilà désormais pourvue de tous les accessoires que se transmettent semaine après semaine les bloggeurs de L’Hebdo: les clés du local, l’appareil photo, la clé USB, le vélo. Je ne sais pas si les vols à Bondy sont proportionnels à la taille du cadenas de notre bicycle, mais en tout cas il est tellement massif que j’arrive à peine à pédaler. Je suis allée faire un tour en ville et j’ai deux ou trois choses à dire à la mairie. D’abord merci pour le plan en couleur que l’on trouve sur votre site; de nombreux prédécesseurs se sont plaints de la difficulté à trouver ce document vital pour tout journsliste qui débarque, mais il suffisait de le télécharger (vous êtes nuls, les gars). Merci aussi d’annoncer la couleur en toute humilité. Sur le plan et partout dans la ville, on trouve le dessin d’un arbre et le texte: Bondy – heureux sous son ombre. Ce qu’il y a bien avec ce genre de texte dans ce genre de banlieue, c’est que tout de suite vous comprenez que vous n’êtes pas là pour vous dorer la pilule et qu’en clair, il ne faut pas espérer ici se faire une place au soleil. Pas encourageant-encourageant, comme message, mais sincère.
Sinon, comme chacun sait, je suis en banlieue pour faire la fille. Alors j’ai essayé les soldes. On n’arrête pas de parler des pugilats qui se créent dans les grandsmagasins de Paris dès que la course au pull pas cher est lancée. Rien de tout cela à Bondy, on peut faire les soldes en toute quiétude. Faut dire qu’aucun vêtement n’est suffisamment attractif pour que sa seule vue donne envie de tuer pour le posséder. Et hop, un sujet qui tombe à l’eau, me suis-je dit après trente minutes de shopping.
Joëlle, du marketing de l’Hebdo, m’a conseillé de me la jouer délices de Capoue et de chercher les plaisirs orientaux. Suivant son conseil et toujours dans mon trip « je me la joue donzelle », je suis partie à la recherche du hammam, oùje me voyais déjà passer des jours heureux au doux son de l’eau qui glougloute. Pas de chance, il n’y a plus de hammam à Bondy. Et hop, encore un sujet qui tombe à l’eau, si j’ose dire.
Depuis, je cherche donc les femmes. Dans la rue, on n’en voit pas, dans le bistrot où j’ai mangé, il n’y avait comme membre de la gent féminine que moi et la serveuse, dans les lieux publics, c’est le désert. Des hommes, partout des hommes.
Mais où sont les femmes†? Ma logeuse (une Gauloise) et sa voisine du dessous (une Beurette) ont leur idée: « Ah, ça c’est sûr, elles ne sortent pas. Ici, les femmes, c’est à la maison. Pas dans la rue, et encore moins au bistrot, me dit la première. Quand j’étais jeune, on en voyait plus, surtout dans les cafés, mais maintenant non, c’est perçu comme faisant mauvais genre.La deuxième nuance: « Oui, mais il faut dire aussi qu’ici se sont les hommes qui glandent. Les femmes, elles, elles travaillent. Alors c’est sûr, pendant les heures de boulot, elles ne sont pas en promenade ».
Je précise tout de même que j’en ai vues beaucoup au Monoprix, poussant poussettes et tirant gamins. Les deux: « Ah ben oui, pour faire les courses, leurs maris les laissent sortir! ».
Par Sonia Arnal