La salle se remplit progressivement tout au long des affrontements entre amateurs de qualité. Aux premiers combats professionnels, les places se font rare et le public plus bruyant. Soutien indéfectible des sociétaires de Courbevoie, celui-ci voit ses deux premiers favoris perdre honorablement aux points, dans des combats intenses. C’est le troisième combat, opposant Christian M’Pumbu qui effectue ses premiers pas chez les rémunérés,opposé à l’expérimenté Rennais Mathieu Monnier qui apporte la première victoire au club dans un affrontement disputé. Le jeune Colosse de 90 kilos cède à l’émotion devant son public et verse une larme de joie quand la coupe lui est remise.
La salle est donc désormais prête pour l’événement phare de la soirée, le championnat de France des poids welters. Damien Martin, de Saint-Malo, détenteur de la ceinture, la met enjeu pour la deuxième fois face au vieux briscard des rings Courbevoisien Karim Menasria. Du haut de ses 36 ans et 25 combats, il sait qu’il faut saisir sa chance ce soir à la maison.
Le public bout, dès les premiers échanges. Le round d’entame est à l’avantage du champion, plus agressif. Mais le local entre ensuite dans son combat, et les reprises qui suivent sont marquées par de violents échanges. Légèrement plus grand, il accepte pourtant l’affrontement. Aucun des deux boxeurs n’a déjà été vaincu avant la limite. Ces deux solides guerriers se tiennent tête durant les dix rounds, touchent tous deux avec une intensité qui ne faiblit pas et les juges ont fort à faire. Ils rendent à l’unanimité un score de 96-94 à l’avantage du Maloin. Karim est déçu, mais acclamé lorsqu’il prend le micro pour remercier son entraîneur, Philippe Binante, le public ainsi que son père venu le supporter. Il s’excuse de n’avoir pu remporter cette ceinture, lui qui vient de briller dans un affrontement titanesque. Beau joueur il rend aussi hommage à son adversaire « pour faire un beau combat, il faut être deux ». Bravo aux deux hommes qui au delà du résultat ont assuré le spectacle.
Malgré le départ des supporters Bretons, l’ambiance reste chaude pour les rencontres qui suivent. L’ancien boxeur olympique Abderrazak Houya se produit sous les couleurs de Courbevoie en super légers contre un boxeur Calaisien puissant, Kevin Haudiquet. Surpris par quelques solides contres dans les premiers échanges, il prend rapidement le dessus dans le combat grâce à sa grande expérience en touchant régulièrement en série. Sa vista, sa classe et son coup d’œil font le travail à distance, mais tout au long du combat son adversaire rude et courageux contrera occasionnellement avec violence. Décision unanime à l’occasion de son cinquième combat professionnel, Houya l’emporte. Ce pugiliste pourrait bien faire parler de lui dans les années à venir.
C’est au tour de « papa » Youssouf Doumbia de s’exprimer. Le public se fait entendre. A Courbevoie il fait partie des meubles. Combattant sérieux, appliqué et toujours affûté avec 35 combats professionnels à son actif partout en France le poids moyen de 29 ans maîtrise sa copie et l’emporte au terme des six rounds face à un boxeur provocateur compliqué à boxer, mais limité techniquement et qui a l’habitude d’évoluer en super-welter, la catégorie inférieure. Son attitude agace le public qui scande « allez Yo, on veut un K-O !».
Enfin, second clou de la soirée, minuit a sonné depuis un moment quand la star locale fait son entrée sur le ring. Guy Albert Haguy, alias l’élégant, super léger longiligne qui sait assurer le spectacle, opposé au jeune Matthieu Lehot 5 victoires en 7 combats. L’une de ses deux défaites avait été concédée face au Courbevoisien lors de son tout premier combat en 2011. Durant 5 rounds, ce dernier va survoler son sujet devant un public survolté qui scande son nom. Esquives, retraits, provocations, tout y est et le très bon visiteur ne parvient que rarement à toucher le danseur altoséquanais. Au terme des six rounds, la décision est sans appel et vient conclure en beauté une soirée magnifique.
Mathieu Blard

« Pour faire un beau combat, il faut être deux »
Articles liés
-
Mineures isolées : « Les jeunes filles qui ont pris la route terrestre ont systématiquement été violées »
En 2022, 14 782 mineurs non accompagnés ont traversé les frontières françaises pour être pris en charge par les services sociaux. Parmi eux, 1 012 filles à peine. Noémie Paté, sociologue et enseignante spécialisée dans les questions de migrations à l’Institut Catholique de Paris, se penche sur cet écart et les réalités qu’il révèle.
-
Mineurs isolés : une minorité de filles, mais des risques majeurs
Chaque année, plusieurs milliers de mineurs non accompagnés (MNA) arrivent de l’étranger pour franchir les frontières françaises. Parmi eux, un nombre infime de filles surexposées aux violences de ce parcours migratoire. Dans un appartement de la région Grand Est, trois d’entre elles tentent de se reconstruire.
-
Suspension des visas étudiants : « C’est une forme de représailles politiques et géopolitiques »
Victimes collatérales des tensions entre la France et ces États sahéliens, les étudiants maliens, burkinabé et nigérien ne peuvent plus déposer de demande de visa vers la France à la veille de leur rentrée universitaire. Le résultat d'une décision abrupte qui suscite colère et incompréhension. Décryptage.