Dimanche soir. La voiture file sur le périphérique. Au volant : Mohammed Djeroudi. Assis à sa droite, Radouane Berrioka. Moi derrière. On s’en va récupérer Manine, la compagne de Pierre-André, qui a pris une chambre à L’Holiday Inn de la porte de Saint-Ouen, à deux pas de l’hôpital Bichat, où son mari a été opéré. On doit aller ensuite gare de Lyon pour y prendre Clotilde, la fille de Pierre-André, qui arrive de Berne, via Genève, au TGV de 20h21. J’entame la discute sur un fait qui me turlupine. Je m’adresse à Radouane: « Tu as déjà remarqué que dans les reportages, quand un journaliste cite un Arabe, il ne mentionne la plupart du temps que son prénom, pas son nom. D’ailleurs, ce n’est pas tant qu’il ne veuille pas écrire son nom en entier, c’est plutôt que la personne avec qui il parle ne tient pas à le donner. Tu ne trouves pas ça bizarre? » Radouane a une explication:  » Dire le nom, c’est engager toute la famille. Et ça, c’est beaucoup. C’est pourquoi le jeune préfère ne fournir que son prénom. » Discrétion, respect, honneur. « L’honneur de la tribu », c’est le titre d’un livre de Rachid Mimouni, écrivain algérien mort en exil au Maroc dans les années 1990. Si j’étais prof en France, je ferais lire Mimouni et d’autres auteurs maghrébins à mes élèves. Puisque ces histoires-là, universelles et écrites en français, appartiennent à l’histoire des Arabes de France, elles appartiennent à l’ensemble des Français, non ?

Antoine Menusier

Antoine Menusier

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