Je participais jeudi après-midi à un séminaire à Saint-Ouen, prévu depuis longtemps et organisé pour des assistants sociaux de Seine-Saint-Denis. C’étaient les cadres de la direction Enfance et Famille, une centaine de personnes, des gens au front de la misère qui se battent pour faire encore un peu de prévention alors qu’ils se noient sous les situations d’urgence. « On s’occupe de ceux qui sont au bord du bord », dit l’un d’eux.

Une remarque m’a frappé, qui revenait constamment. C’est la fugacité du personnel en contact avec les jeunes. Dans les collèges de Seine-Saint-Denis, 46% des enseignants sont en poste depuis deux ans ou moins. Toujours dans le même département, l’âge moyen des policiers – encadrement compris – était de 27 ans en 2002 et 60% d’entre eux demandent chaque année leur mutation (25% « seulement » l’obtiennent). Cet automne, au Tribunal de Bobigny, 40% des effectifs se sont renouvelés, d’un coup !

« Comment peut-on changer quelque chose, disait une intervenante, quand on met patiemment en place un dispositif avec une école, et que l’an d’après, tous les enseignants partent et qu’il faut recommencer à zéro ? Comment changer les choses, quand on convainc des policiers de participer à un projet et qu’ils sont remplacés en cours de route ? »

La question ne manque pas de pertinence. C’est moins un problème de moyens que de continuité dans les moyens. Dans la salle, tout le monde applaudissait.

Alain Rebetez (L’Hebdo)

Alain Rebetez

Articles liés