Il était une fois des jeunes de cité qui s’ennuyaient. Un jour, une idée étincelante leur vint à l’esprit : et si on allait en Afrique ? Le projet s’est concrétisé en 2005, sous l’impulsion d’une association d’éducateurs de rue, Ville et Avenir. Cissé, Amir, Gary et Marvin, entre autres, ont été du voyage. Agés de 18 à 25 ans, ces jeunes Bondynois ne se sont pas rendus au Sénégal pour des vacances mais dans un but bien précis : construire un centre d’hébergement afin de scolariser les enfants arrivés de la campagne. Laurent Marcille, l’un des éducateurs de rue et initiateur du projet, explique : « cette expérience a un but humanitaire mais constitue aussi un prétexte à faire se rencontrer des jeunes de deux horizons distincts et qui, au fond, se trouvent être dans une situation critique, dans deux pays différents ».

Ces jeunes de la banlieue parisienne vivent en effet dans la précarité, ayant précocement quitté l’école pour les uns, sans emploi pour les autres. D’ailleurs, la première rencontre avec les jeunes sénégalais n’a pas été sans tracas : il a fallu lutter contre le cliché qu’avait le jeune sénégalais du jeune banlieusard français, lequel a dû « expliquer comment on vivait dans les quartiers, décrire la situation fragile qui existe dans les banlieues, bref faire savoir que la vie n’est pas forcément rose en France », confie Laurent Marcille. Il ajoute que cette expérience a transformé certains jeunes, qui auparavant se refusaient à travailler dans les métiers du bâtiment et qui, dès leur retour d’Afrique, ont cherché et trouvé un emploi dans le bâtiment ou la peinture.

Le financement de l’opération s’est fait par la ville de Bondy et le Conseil Général de la Seine-Saint-Denis. Le Ministère des Affaires étrangères a également apporté sa collaboration. Sur place, près de Fatick, à 150 kilomètres de Dakar, le chantier arrive bientôt à son terme. Un seul voyage n’a pas suffi : « c’est toute une organisation, deux équipes ont déjà été envoyées, à chaque fois pour trois semaines ». En août 2005, le premier groupe a préparé le terrain et monté des murs, et en octobre 2006, l’équipe-relais a continué avec les murs et commencé à édifier des cases. Le prochain voyage est prévu pour juin 2007. Ce que retiennent Laurent Marcille, Cissé, Gary et les autres de cette expérience humaine et altruiste, c’est véritablement « l’échange qui peut unir les hommes, le sentiment de communion, basé sur l’union et la confiance, en somme la fraternité et l’envie de comprendre l’autre ».

Hanane Kaddour

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