De plus en plus populaires, les courtes vidéos de buts ou d’actions de match de foot ont envahi les réseaux sociaux.  Les internautes aiment, partagent, faisant grincer des dents les grandes chaînes qui mettent des millions sur la table pour avoir les droits de diffusion. 

Canal+ et BeIn Sport voient rouge ces derniers mois : des courts extraits de matchs de foot, dont ils sont tous les deux les principaux diffuseurs, circulent librement sur la toile. Depuis la Coupe du Monde de l’été dernier, le partage des buts et des meilleures occasions ont envahi la toile et les réseaux sociaux. Cette situation a conduit les détenteurs des droits de diffusion à taper du point sur la table en réclamant la fermeture de ces comptes hébergeurs. Le site Vine est l’un des principaux site mis en cause par les deux chaînes télévisées. Le réseau social, appartenant à Twitter, permet à ses utilisateurs de publier des vidéos de six secondes, sur une plateforme déroulante. Une aubaine pour les amateurs de foot.

Selon un article du journal L’Équipe « beIN Sports et Canal+ paient à eux deux 607 millions d’euros pour les droits de la Ligue 1 et de la Ligue 2, et dépenseront 748,5 millions par saison à compter de 2016. Soit 2 100 euros les 6 secondes d’un match de Ligue 1 » ça fait cher la seconde… Avec ces courtes vidéos sur la toile, les conséquences sur le long terme pourraient être une diminution massive du nombre de potentiels clients pour les deux grandes chaînes sportives. Une situation qui fait que BeIn grince des dents en parlant d’une « mise en ligne sauvage de nos droits de diffusion et c’est un dommage commercial puisque cela peut se transformer en une perte de recrutement d’abonnés pour la chaîne ». Canal de son côté s’insurge du libre accès à ses vidéos, les sommes déboursées pour les droits de diffusion ont de quoi les faire monter au créneau. « Je peux comprendre leur démarche, ils ont déboursés beaucoup d’argent pour acquérir ces droits » m’explique Kazi, pizzaiolo et footballeur. Pas étonnant qu’ils cherchent à enrayer la machine le plus rapidement possible en mettant en place des robots ayant pour mission de repérer les contenus litigieux.

Mais voilà, cette chasse aux sorcières n’est pas au goût de certains footeux ; voyant leur accès à leur passion une énième fois se restreindre. « On se déplace dans les grecs qu’on connait pour regarder un match, sinon on le suit sur nos applications sur smartphones. On n’a pas les moyens de se dégoter BeIn » racontent des jeunes de mon quartier. « Ils palpent déjà des millions, ça ne leur suffit pas ? Il faut encore qu’ils viennent sur ce terrain là, d’autant que Vine n’est pas le seul à faire ça » s’exprime Islem. D’exclusivité en exclusivisme forcené il n’y a qu’un pas, la privatisation progressive de la retransmission des matchs a conduit certains fans à se tourner vers des méthodes moins légales pour regarder leurs sportifs préférés en action. En quelques clics, il est facile d’accéder en moyenne qualité à la Liga ou à la Premier League en streaming vidéo sans sortir le moindre centime de sa poche. Ces méthodes, si elles existaient bien avant que Canal et BeIn aient la main-mise sur les droits de diffusion, n’ont été qu’une voie de substitution parmi d’autres pour les internautes n’ayant pas les moyens pour payer un abonnement mensuel.

La diffusion de ces vidéos ne procède pas d’une volonté de détourner délibérément les images pour leur propre compte pour ces comptes hébergeurs, à la base c’est une façon de partager librement et simplement des événements d’un match à ses amis . Ces dernières années, Vine est devenu l’un des seuls moyens pour voir ou revoir les buts d’un match. Endiguer ces pratiques ne ferait qu’accentuer l’incompréhension des supporteurs et leur colère. En effet, il paraît impensable qu’ils n’aient pas prévu le coup avec l’avènement des réseaux sociaux et sachant que le football est un sport très populaire. Une zone de tolérance, permettant un contrôle mieux adapté de leur contenu se trouvant sur le net, aurait été envisageable. Une sorte de contrat tacite entre les fans et les chaînes arrangeant tout le monde.

Les articles sur le net sont truffés de petits vidéos vines. La réutilisation de ces vidéos est devenu monnaie courante par certains sites spécialisés. La démarche consistant à donner une illustration du propos tenu dans l’article sans porter atteinte à l’attractivité des chaînes sur le client, bien au contraire, donne envie au lecteur d’accéder au match en direct et en haute qualité.

Bien que certaines chaînes proposent d’accéder de manière gratuite à des résumés de match tel que l’Équipe 21 ou Infosport, on se demande combien de temps vont-elles pouvoir tenir face au Léviathan qu’est BeIn dans le domaine de la retransmission sportive. En voyant les récents événements, il faudra bientôt payer pour regarder l’intégralité des matchs de l’Équipe de France.

Jimmy Saint-Louis

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