La détermination du début du mois de Ramadan en France fait, comme l’an passé, l’objet ‘une divergence. Calcul astronomique ou vision oculaire, deux points de vue différents sont mis en avant. Explications.

Chaque année, les musulmans observent un mois de jeûne, le mois de Ramadan. Il s’agit du mois où le Coran a été révélé. Comportement exemplaire, sagesse, s’abstenir de manger et de boire de l’aube au crépuscule font partie entre autres, des préceptes de ce mois béni chez les musulmans. Chaque mois de l’année est défini en fonction d’un calendrier lunaire dans l’Islam.

Seulement, depuis l’an dernier, la détermination du début du Ramadan fait débat.  Deux points de vue s’affrontent : le calcul astronomique et la  « nuit du doute », qui consiste en l’attente d’une vision à l’œil nu de la lune.

Mercredi dernier, le conseil théologique et astronomique,  créé récemment pour la détermination du mois de Ramadan donnait une conférence de presse à Paris. Étaient présent  Mohamed Najah, docteur en Sciences Physiques, Imam Khatib, professeur des Sciences Islamiques à l’Institut Excellence de Corbeil-Essonnes, Cheikh docteur Ahmed Jaballah, théologien canoniste, docteur en exégèse coranique, secrétaire général adjoint du CEFR, Cheikh Mohammed Bajafaril, chargé de cours  à l’Université  Paris 12, Smaïl Mostefaoui (docteur en planétologie,  Ingénieur de recherche et responsable technique à l’Institut de minéralogie, de physique des matériaux et de cosmochimie à Paris et Larbi Kechat, docteur et recteur de la mosquée Ad Dawwa. Les intervenants reviennent sur la discorde de  l’an passé qu’ils qualifient de  « grande surprise« , »une division dans les mosquées« . Leur but aujourd’hui : trouver une solution et unifier les musulmans en France.  Cette institution qui se dit « apolitique et indépendante » prône la détermination par le calcul astronomique. Une initiative à laquelle ils disent avoir rassemblé « un millier de mosquées en France« . Le conseil adopte la méthode du calcul astronomique  et met en avant l’exactitude des données scientifiques. Ainsi, il détermine le début du mois de Ramadan au samedi 28 juin et le jour de l’Aïd El Fitr au lundi 28 juillet 2014.

En quoi consiste exactement cette méthode ? Mohamed Najah explique que  » le calcul astronomique est basé sur des choses certaines, on ne se base pas que sur le calcul astronomique on se base aussi sur la Sunna (tradition prophétique, ndrl). Cette règle est très simple, c’est une règle universelle, elle est  basée sur l’historique de la vision de la lune« .  Des sourates du Coran y font également références.

Selon le calcul astronomique, la lune a été visible vendredi 27 juin à 10h08 en Amérique du Sud.  Là où les points de vue diffèrent, c’est que certains admettront qu’à partir du moment où la lune a été visible à un lieu donné sur Terre, il constitue une condition suffisante pour la communauté musulmane mondiale de jeûner. D’autres, préféreront ne pas commencer le mois de jeûne, admettant que la Lune n’a pas été visible selon leur lieu de résidence.

Les désaccords persisteront cette année

L’UOIF et le conseil théologique et astronomique restent sur leur position, à savoir débuter le jeûne dès samedi 28 juin. Le CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) et la mosquée de Paris après avoir observé une nuit du doute, ont décidé de le débuter dimanche 29 juin. D’autres mosquées ont suivi cet avis.

Hassan Farsadou, président de l’UAM 93 (Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis) et de l’association Espérance musulmane de la jeunesse française (EMJF) à Aulnay-sous-Bois, prend la même décision. C’est son  organisme qui avait exprimé son désaccord l’an dernier par rapport à la décision du mois de ramadan le 9 juillet 2013 en fonction du calcul astronomique. Contacté vendredi 27 juin en milieu d’après-midi, il attendait patiemment la réunion qui a eu lieu vendredi soir avec d’autres associations. Le calcul astronomique, il n’est pas contre mais « pour nous il faut adopter la vision lunaire en priorité. »

« Il est difficile de combattre ou de lutter contre les habitudes » expliquait Smaïl Mostefaoui concernant l’adoption du calcul astronomique. « Les musulmans d’aujourd’hui refusent l’adoption du calcul astronomique pour le mois de Ramadan. La contradiction qu’on trouve ici dans ce conseil, c’est qu’à l’unanimité les musulmans dans le monde ont adopté depuis des siècles le calcul astronomique pour la prière. Personne ne sort dehors pour voir le coucher du soleil  pour faire la prière du maghreb… tout le monde regarde seulement les horaires de prière qui se trouvent dans toutes les mosquées » s’étonnait-il.

Le calendrier musulman compte douze mois. Il serait intéressant de savoir pourquoi seule la détermination du mois de Ramadan suscite polémique et pas les autres.

Imane Youssfi

 

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