À Bondy, cela fait 20 ans que les Restos du cœur distribuent à manger, des couches pour bébé et, exceptionnellement pour Noël, des jouets. Le mardi, c’est « le jour des grandes familles ». La file d’attente, dehors, dans le froid, est longue et dès que la porte s’ouvre, on se presse pour passer en premier. Chaque année on donne ici des repas pour 2000 personnes des environs (quatre villes sont concernées). Du côté de la distribution, on trouve des bénévoles, souvent retraités et français de souche, dont un Francomtois qui a longtemps travaillé à Porrentruy, la ville dans laquelle j’ai grandi. Dans la file d’attente, c’est des années d’immigration qui s’entassent. Des femmes seules, des pères de famille, propres sur eux. Du Maghreb, d’Afrique, quelques Européens de l’est. Rien à voir avec les SDF que l’on imagine aux restos, mais un concentré d’une fracture sociale généralisée en France. Ici, elle saute aux yeux: d’un côté de la table les Blancs, de l’autre le reste du monde.

Comme les restos n’ont pas un local à eux, ils empruntent tous les matins une salle du centre social Georges Brassens. Le lieu abrite d’autres associations qui s’occupent des jeunes de la commune. Ce qui n’est pas sans poser un problème de voyeurisme. Alain Vasseur, responsable des restos par intérim (en l’absence de Michel Tardiveau, en déplacement au Burkina dans une de ses multiples actions caritatives) décrit l’impressionnant dispositif mis en place. Formulaire, clé de répartition, demande d’information (parfois précises: il ne faut pas donner de porc aux musulmans par exemple). Il admet également qu’il peut y avoir de la fraude. On a entendu parler de gens qui revendait la viande reçue, d’autres qui jouaient aux courses l’argent du ménage et mentaient sur leurs revenus.

Par Paul Ackermann Resto3

Paul Ackermann

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