Comme certains hommes de son âge, Lucien Chabason possède plusieurs casquettes, même s’il est plus souvent en costume sombre qu’en survêtement américain. Il travaille pour l’IDDRI,  l’institut du développement durable et des relations internationales et préside le Plan Bleu pour la Méditerranée ; c’est au titre de ces deux organisations qu’il participe au processus consultatif du sommet onusien.

« La haute mer va demeurer un lieu non contrôlé, non surveillé déplore-t-il ». Par haute mer, il entend la partie des océans, 64 % de la surface, non soumise à des réglementations nationales. Le nombre d’organisations intervenant dans la gestion des océans est pléthorique, donc paralysante. L’idée d’un organisme de gouvernance unique répond à un besoin d’efficacité et de cohérence, pour un milieu impunément pollué et surexploité. L’IDDRI qui plaidait pour la protection de ce milieu par la mise en œuvre de lois internationales n’a pas eu gain de cause. Le texte brésilien renvoie à 2015 la décision de négocier sur la question.

Autre sujet, lui aussi maltraité : la création d’une organisation mondiale de l’environnement. La position française et européenne est claire : cette nouvelle agence devra prendre la place du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L’organisation serait ministérielle et non régie par des hauts fonctionnaires de l’ONU. Sa portée politique en serait renforcée, toujours selon M. Chabason. « Ce n’est pas un succès pour l’Europe, alors qu’elle misait beaucoup là-dessus. Les États-Unis, la Russie, la Chine et quelques pays africains n’ont pas soutenu cette proposition, précise-t-il ». L’homme pourtant rompu aux négociations internationales – sa première se déroulait en 1985 pour la Convention de Vienne sur la pollution atmosphérique transfrontalière en Europe – ne cache pas sa déception sur cet autre point. « La commission du développement durable créée à Rio en 1992 n’a pas bien pris en charge la question, d’où le besoin de transformer le PNUD en agence spécialisée. » L’OME ne verra pas le jour à Rio, en tous cas pas en 2012.

Si les – mauvaises – décisions ont été prises, pourquoi certains chefs d’État arrivent-ils ce mercredi 20 juin ? Pour découvrir la Villa maravillosa ? Qu’ils soient prévenus, avec l’arrivée de Hollande, la visite sera pluvieuse.

Bouchra Zeroual, Rio de Janeiro

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Publié le 20 juin 2012

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