Sara Camara est finalement régularisé : c’est le verdict prononcé mardi par la préfecture de Bobigny, en délivrant au Malien une carte de résidence valable un an – qui devrait se renouveler selon la procédure. Ce jour-là, Sara quitte le parvis de la préfecture les yeux en larmes mais souriant, avec dans les mains, son premier titre de séjour depuis son arrivée en France il y a 17 ans. Un sésame qui lui permettra de retrouver le poste d’agent d’entretien à la Conciergerie de Paris, « peut-être d’ici au mois de mai, après sa visite médicale », indique Mohamed Ziane, le responsable de son comité de soutien.

La nouvelle est arrivée très vite pour ce nouveau citoyen de 40 ans qui ne voyait plus le bout du tunnel. Le 11 avril, il reçoit une convocation au bâtiment René Cassin, sans en connaître l’intention. Quatre jours de flottement puis les mots tant attendus délivrés au guichet. Fini les angoisses qui le tenaillaient chaque matin avant de sortir de sa piaule. Terminé les nuits blanches à chercher un avenir viable. Exit les contacts téléphoniques entre potes pour se prévenir de la présence policière dans le métro et les rues. Place aux droits et devoirs de « monsieur tout le monde ».

Pourtant, en décembre dernier, les espoirs étaient bien maigres après l’avis d’expulsion lui demandant de quitter la France avant le 15 janvier. Mais Sara veut rester en France. Le comité de soutien, lui, ne baisse pas les bras et poursuit le combat. Sous son impulsion, Sara Camara conteste la décision préfectorale et fait un recours auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, une instance indépendante de la préfecture.

Qui s’oppose à l’avis d’expulsion et appuie la régularisation du Malien. Cette information a été annoncée le 14 avril et la réquisition devrait être notifiée d’ici peu. « Nous considérons ce soutien comme une réelle reconnaissance », affirment les amis du Malien. Pour sa part, Sara compte réunir tous ceux-ci – pour la plupart des collègues du ministère de la culture – afin de fêter sa nouvelle vie… En toute quiétude.

Nadia Boudaoud

Nadia Boudaoud

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