Dans ce quartier de Nanterre (92), emblématique du passé ouvrier de la ville, la rénovation urbaine transforme le paysage, mais pas le tissu associatif et ses mascottes. Militant de la première heure, Jacques Guével est une figure incontournable du quartier. 

Une ballade au Petit Nanterre… Avec un homme à la chemise colorée et souriant. On l’interpelle à chaque coin de rue… « Monsieur Guével ! », « Jacques »… Plusieurs fois. On le salue. Petits, grands, personnes âgés, tout le monde le connait, on se promène… Un jeune d’une vingtaine d’années m’arrête et me signale : « Tu es avec Jacques Guévél ! C’est le maire ! C’est la mascotte du Petit Nanterre ! Si tu passes au Petit Nanterre, tu dois le voir ! »… Un trentenaire le croise, évoque les souvenirs de la fête de quartier quand il était plus jeune avec Jacques Guével… C’est inébranlable, Jacques Guével est reconnu selon les habitants comme : Le Maire du Petit Nanterre !

Je le vouvoie, il me dit d’arrêter, après tout ce qu’il a pu faire au cours de sa carrière, il ne se prend pas au sérieux. Le regard au loin, il explique tous les aspects de son quartier, évoque des moments phares de la vie du Petit Nanterre. Impliqué dans la vie associative, il est directeur de l’association Vivre Mieux au Petit Nanterre, il me parle du quartier et de ses anecdotes de son évolution au fil des années, il est difficile de lui poser des questions le concernant, il s’égare et parle de son quartier à chaque fois qu’il en a l’occasion.

Quand on lui demande pourquoi il n’est pas élu ? Il répond qu’il l’a été et s’est retiré de la vie politique, lui le militant PC, car il ne retrouve pas les vraies valeurs de ce parti aujourd’hui. Le Petit Nanterre est un quartier ouvrier, un fief communiste, et beaucoup de militants en sont sortis.

Mais Jacques Guével lui, est un militant dans l’âme ! Il a son franc parler et dès que quelque chose le tracasse, il sait le dire ! Il débute à 14 ans en organisant une marche contre le directeur suite à la suppression du poste d’un de ses enseignants préférés… Puis, il intègre  les jeunesses communistes, avant le service militaire. En 1967 il fait une pétition pour obtenir un local qu’il aura ! La mairie se débrouille pour trouver une solution, échange un terrain avec la RATP, il récupère la gestion, de manière bénévole…Il obtient un petit équipement Place de la boule, devient coordinateur… Il organise des animations, des mouvements, des combats…

A la fin de notre promenade, il m’invite à boire un café chez lui. Plus facile pour discuter de son parcours, de sa passion : la photographie. Une série de photos vue de sa fenêtre nous permet de voir une petite part de l’évolution du quartier… Son espace de vie le caractérise, coloré, aéré, fidèle à lui-même, on ressent une liberté dans les choix des couleurs… Loin des codes sociaux, son espace témoigne de sa personne. Il me met à l’aise, c’est un lieu calme où l’on peut discuter tranquillement. Il évoque ses souvenirs, ses combats… Les maliens de Vincennes qui ont été logés dans les abris vétustes des locaux de l’hôpital Max Fourestier, un combat qui a duré 5 ans avant de réussir reloger toutes les familles….

Après un moment d’échange, je comprends qu’il faut toujours s’affirmer, ne pas hésiter à combattre pour ses idées. C’est ce qu’il a fait, et les actions qu’il a entreprises pour les habitants ou les personnes en difficultés ont été réalisées avec succès. Je pense que si ce n’était pas un combattant dans l’âme, il n’aurait pas réussi à se faire reconnaître par tous comme aujourd’hui, comme la personne du quartier qu’il faut connaître, si l’on veut comprendre le Petit Nanterre. Il s’est beaucoup investit et continue à le faire, tout en avouant doucement qu’il a parfois pu privilégier son militantisme à sa vie de famille et à lui-même.

Sonia Bektou

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