Vu à Bondy. 21 heures, nous discutons dans le hall. Que des gars sympas, raisonnables. Une fille commence à hurler au balcon de son appartement, au 9ème étage de la tour d’en face. Elle franchit la barrière, crie qu’elle va sauter. Tout le monde dans la rue lui dit de ne pas le faire, certains montent pour « la ceinturer », d’autres détournent le regard. Ils ne veulent pas voir ça. Après cinq minute de drame, nous appelons les pompiers et la fille rentre chez elle. La police arrive, les pompiers aussi. Et le frère de la suicidaire nous rejoint:

– Ma soeur a dit « ta gueule » à ma mère. Elle a 19 ans, elle sort sans arrêt en mini-jupe, jusqu’à une heure du mat. J’ai mis les petits au lit. C’est des mois de tension qui sont sortis d’un coup. Je l’ai tabassée, il y avait du sang partout. Ça n’arrive pas souvent. »

Les autres, les gars sympas acquiescent.

– T’as raison, il faut les éduquer, mais fais gaffe. Ici c’est la France, il n’y a pas de sœur qui tienne. Pour la loi, elle est majeure, elle fait ce qu’elle veut. Il faut la ramener au bled et la marier à un gars de là-bas.

Sur une dizaine d’hommes présents, deux n’étaient pas totalement d’accord avec le frère. Trois avec moi. Les histoires de femmes sont les plus dures à percer à Bondy.

Par Paul Ackermann

Paul Ackermann

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