Deux policiers sont penchés sur un véhicule, l’un tient en joue le conducteur. « Tu vas te prendre une balle dans la tête », entend-on. Le véhicule redémarre. Le tir part à bout portant sur le conducteur. On voit ensuite la voiture s’encastrer quelques mètres plus loin.

La vidéo, authentifiée par plusieurs médias, retrace les dernières minutes de la vie de Nahel. L’adolescent de 17 ans est décédé de ce tir au thorax, mardi matin à Nanterre, près de la station de RER Nanterre-Préfecture. Un drame survenu alors que l’Aïd el-Kebir a débuté mardi soir.

La première version diffusée par plusieurs médias a affirmé que le véhicule avait foncé sur deux motards de police suite à un refus d’obtempérer. Cette version livrée par des sources policières n’a pas résisté longtemps à la vidéo décrite plus haut qui est devenue virale sur les réseaux sociaux.

Le ministre l’Intérieur a été contraint de réagir. Interpellé à l’Assemblée nationale, il a évoqué des « images extrêmement choquantes » et assuré que l’auteur du tir « aura à rendre compte devant son administration et devant la justice de ses actes ». Gérald Darmanin a aussi insisté sur le fait qu’il « restait très attaché à la protection (sic) de l’innocence des accusés et notamment de celui qui a tiré, qui est policier. » Un lapsus malheureux pour invoquer la présomption d’inoncence.

Lire aussi. Homicides policiers : « On est sur une année particulièrement problématique »

Après le décès de Nahel, une enquête a été ouverte pour refus d’obtempérer et tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique. Une autre enquête, ouverte pour homicide volontaire par personne dépositaire de l’autorité publique, a été confiée à l’IGPN. Le policier, âgé de 38 ans, est actuellement en garde à vue pour homicide volontaire. L’avocat de la famille de la victime, Me Yassine Bouzrou, a annoncé le dépôt de deux plaintes, une pour homicide volontaire et l’autre pour faux en écriture publique.

Dans la soirée de mardi, des révoltes urbaines ont éclaté à Nanterre. Une vingtaine de personnes a été interpellée, selon la préfecture des Hauts-de-Seine. Des révoltes sont aussi rapportées à Asnières, Colombes, Suresnes (Hauts-de-Seine), Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et Mantes-la-Jolie (Yvelines).

En 2022, 13 décès ont été enregistrés après des refus d’obtempérer lors de contrôles routiers, un record. Le 14 juin dernier, Alhousseine, un jeune homme de 19 ans, a été tué par un policier après un refus d’obtempérer près d’Angoulême. Jusqu’à quand ?

Héléna Berkaoui

Articles liés