Tout a commencé dans le RER déjà: à peine montée dans la rame je me retrouve entourée de cinq agents de la SNCF. Nouvelle version du « Bondyguard » à casquette? Eh oui, les contrôleurs sévissent partout. La preuve je m’étais déjà faite contrôler mon titre de transport ce matin, dans le train régional qui m’a amené à Lausanne au départ du TGV.
 

Un jeune homme tente alors d’expliquer aux contrôleurs qu’il ne connaît pas le système des zones et qu’il ne savait pas qu’un billet « centre-ville » ne l’autorisait pas à rejoindre Bondy. Les excuses aussi, n’ont pas de frontière (j’ai tenté la même, sans plus de succès que le jeune homme, la semaine dernière à Genève). Mais là pour moi pas de soucis, j’ai bien mon petit ticket violet à 2.65 euros. Cette clé en or qui vous donne le droit, depuis la gare de Lyon, d’accéder à un métro, deux stations, trois escaliers roulants, quelques méandres de couloirs et autant de joueurs de musique, leur casquette tristement vide posée sur le sol (bon, pas de fausse surprise, en Suisse c’est pareil, sauf peut-être qu’à Lausanne le métro est prévu pour 2008 et qu’à Genève on lui préfère toujours le tram). Puis le RER, ses trois arrêts en dix minutes.
 

Bondy, enfin!

 

Et Mohamed, enfin également… Il est quasiment devenu mythique dans les locaux de L’Hebdo! Ni une ni deux, il m’emmène direct dans l’agence immobilière Hie, à côté de la gare, là où, il m’explique, « tout a commencé ».

 

– En voilà encore une des ces journalistes suisses! Vous ne trouvez pas que ça fait un peu zoo votre histoire?

 

Ça, c’est Farah, il travaille pour Monsieur Hie et on pourra dire qu’il a au moins le don de vous mettre tout de suite dans le bain.

 

– Mettez-vous à l’aise!

 

Euh, à l’aise certes, mais dès que j’aurai réussi à me dépatouiller de mes explications concernant le bien-fondé de ma présence. Prise au dépourvu après une somnolence « wagonneuse » de quatre heures, je peine à dérouler une parfaite explication sociologique d’une démarche journalistique d’immersion qui ne tient pas ou peu du voyeurisme. Bref, je me comprends.

 

Et Mohamed qui me sauve:

 

– Mais Farah regarde le blog! Là, c’est Sonia et elle a eu plus de 100 commentaires. Preuve que ça marche, qu’les gens s’intéressent. Tout le monde s’en fout de tes histoires de zoo!

 

Tiens, j’aurais pu y penser!

 

– Bon, en tout cas ici, on sait recevoir, continue Farah. Voilà, prenez un chocolat – Et il me tend une boîte de Ferrero Rocher – On vous a déjà dit que c’est ici, chez Monsieur Hie, que toute votre histoire elle a commencé?

 

Oui, oui, on me l’a déjà dit. Au moins je commence à être au parfum! Et puis je me sens bien là, dégustant mon chocolat d’ambassadeur, un café « serré » dans l’autre main. Car ici, le café il est « long » ou « serré », et parfois on y fait pleurer une vache… pour ajouter une larme de lait, voyons! Lance Mohamed devant mon air de Suissesse dépassée…

 

– Ton collègue Pierre-André, il me faisait rire en commandant son « café-espresso »! Ici, tous les cafés sont expresso, rien besoin de rajouter.

 

Que voulez-vous, quatre heures de TGV vous transforment un vulgaire « café » en « long » et un « espresso » en « serré ». C’est dire le véritable fossé culturel auquel je dois faire face;)

 

Rédigé par Karin Suini

Karin Suini

Articles liés