Deux mois après les évènements de Knysna que n’auraient pas reniés les scénaristes d’Hollywood avec ses coups de théâtre quotidiens, sa partie de Cluedo et son « bus de la honte », l’équipe de France retrouvait hier la compétition officielle en vue de l’Euro ukraino-polonais de 2012. Premier acte de cette déjà tragédie, à Saint-Denis, face à la Biélorussie et ses joueurs mutants qui n’ont pas eu la chance d’avoir des frontières imperméables aux nuages radioactifs.

Le sélectionneur Laurent Blanc redoutait les retrouvailles avec ceux – nous tous – qui avions tant admiré puis détesté ces hommes aux tuniques bleus. Une heure avant le coup d’envoi, cela ne s’annonçait pas sous les meilleurs auspices, les spectateurs n’étant pas présents en nombre. Mais quelques minutes avant que ne retentissent les hymnes nationaux, le public était enfin là en masse. On a craint les sifflets et les huées, mais le « cop » France a repris en chœur et avec conviction la Marseillaise. L’envie était bien là.

Laurent Blanc a gardé son aura et sa popularité, il gagne haut-la-main à l’applaudimètre lorsque le speaker énumère la composition des équipes. Florent Malouda, qui flambe avec Chelsea, est le capitaine de soirée. Sur le terrain, on retrouve seulement quatre des « mutins » de Knysna. Le public a faim de réconciliation avec son équipe, il scande des « Allez les Bleus » à tout-va, chaque geste technique réussi est suivi d’applaudissements, et les drapeaux tricolores sont brandis dans la bonne humeur.

Malheureusement les pépins commencent à s’enfiler comme des perles. L’attaquant Loïc Rémy se blesse au bout d’une demi-heure de jeu. En seconde mi-temps, Louis Saha, celui qu’on appelle l’homme de glace pour sa propension à se blesser tous les trois matchs, n’a même pas eu le temps de faire frémir le public français qu’il se fait mal tout seul après dix minutes de jeu. Une poisse pareille, ça en devient presque un gag mais on a l’habitude avec ces Bleus-là.

Alors que la défense biélorusse plie sans rompre et qu’un match nul se dessine, c’est avec un réalisme insolent que l’équipe visiteuse porte l’estocade à six minutes de la fin du temps réglementaire, sur sa seule occasion franche. A 0-1, les gradins commencent alors à se vide. Les Français essaieront de pousser jusqu’à la dernière seconde, une reprise de volée du Lorientais Kévin Gameiro frôlant la transversale du gardien biélorusse.

Au coup de sifflet final, le public gronde, et il y a de quoi, c’est la quatrième défaite d’affilée pour les Bleus. Pour retrouver trace d’un pareil exploit, il faut fouiller dans les archives et remonter jusqu’à 1937 ! On a changé les joueurs, changé de sélectionneur, et pourtant le résultat est le même, le mal de la sélection française semble être bien plus profond qu’on ne le pensait et le chemin à parcourir est encore loin pour la Pologne et l’Ukraine.

Au final, seuls Yann M’Vila, très impressionnant du haut de ses 20 ans, et Mathieu Valbuena, petit par la taille mais très grand par son enthousiasme et son engagement, ont su tirer leur épingle du jeu. Pour le reste, il faudra montrer beaucoup plus de conviction et d’esprit conquérant pour espérer quelque chose, et surtout travailler le jeu collectif, chose élémentaire qu’on n’a plus vue sous le maillot bleu depuis bien quatre ans.

Le sélectionneur a déclaré que le public français se réconcilierait avec son équipe nationale seulement à travers la victoire. Hier soir, ce même public a fait le premier pas. C’est désormais au Onze tricolore de faire le sien.

Arnaud Huynh

Arnaud Huynh

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