#TRIBUNE Le 21 septembre, le journal britannique The Guardian publie une enquête sur l’accessibilité des métros aux fauteuils roulants dans plusieurs grandes villes du monde. Résultat : le pire est le métro parisien. Il ne compte que 9 stations sur 303 entièrement accessibles. Une situation dénoncée par Marina Carlos, paraplégique.

Paris n’est pas une ville accessible et ses transports en commun sont un véritable enfer pour les personnes à mobilité réduite. Le pire étant le métro, quasi-impraticable. Paraplégique suite à un accident de voiture en 2004, j’ai dû l’utiliser en tout et pour tout quinze fois depuis et chaque essai est un parcours du combattant.

Le 21 septembre dernier, un article paru dans The Guardian comparaît plusieurs villes du monde et l’accessibilité de leur métro. Face à Tokyo, Londres ou encore Barcelone, Paris est largement derrière avec un manque cruel de stations totalement accessibles (sans assistance aucune) : seules 9 des stations parisiennes le sont sur 303 stations et toutes se trouvent sur la ligne 14, dernière-née du réseau parisien, ouverte en 1998.

D’ailleurs, comme me l’a indiqué Gil Meyland, représentant l’association Mobile en Ville auprès de la RATP, si ces 9 stations de la ligne 14 sont bien accessibles, les lignes de correspondance, elles, ne le sont pas… Résultat, il ne semble en rester que 2 sur 303 permettant de véritables trajets accessibles : Cour Saint-Emilion et Olympiades.

Cette situation met en exergue les difficultés des personnes handicapées à pouvoir se déplacer librement dans Paris. Il est navrant d’entendre Anne Hidalgo dire que les travaux d’accessibilité vont être accélérés grâce aux JO 2024, comme si le fait que la ville de Paris ne soit pas adaptée aux Parisiens en situation de handicap n’était pas un argument assez convaincant pour les entreprendre. De plus, dans une période où l’on entend encore et toujours parler de véritable politique inclusive, il serait temps de permettre aux citoyens en situation de handicap de jouir des mêmes droits que les autres, notamment ceux de l’autonomie et de la mobilité.

Dans une interview récente, la maire de Paris nous apprend qu’un « plan de mise en accessibilité des infrastructures de transports, notamment les plus anciennes » doit être travaillé avec la RATP pour les Jeux Olympiques car « il y a des lignes qu’on peut entièrement, peut-être, cibler comme étant les lignes accessibles ».

Néanmoins, la question de la mise en accessibilité du métro parisien est d’autant plus complexe que la RATP manque de transparence à ce sujet, en justifiant l’absence de travaux par « des problèmes techniques » dus à l’ancienneté du réseau, sans pour autant communiquer les documents attestant de ces difficultés. En effet, le Comité d’Entente d’Ile-de-France des associations représentatives de personnes handicapées et de parents d’enfants handicapés (CERIF) a interpellé la régie afin que les 130 rapports techniques menés depuis 2014 sur plus d’une centaine de stations, concernant la faisabilité des travaux sur une partie du réseau du métro parisien soient rendus publics, mais ses demandes restent sans réponse*.

De son côté, toujours selon Gil Meyland, la RATP déclare ne pas savoir de quels rapports le CERIF parle et affirme « qu’une étude de faisabilité a été réalisée pour le STIF concernant la mise en accessibilité de 50 stations pour créer un « réseau noyau accessible ». Cette étude s’est apparemment révélée négative. Pourquoi de telles dissonances entre les différents acteurs ? Et pourquoi ne pas divulguer ces rapports depuis maintenant trois ans, la dernière demande ayant été faite en juin 2017 ?

Ces questions apparaissent d’autant plus légitimes lorsque l’on sait qu’à Marseille, en 2014, la communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole a également invoqué une « probable impossibilité technique avérée » pour renoncer à rendre accessible l’ensemble des stations de métro de la ville. Une position non validée par le tribunal administratif, qui a ordonné à la demande d’une association de personnes handicapées, en référé, une véritable expertise sur chacune des 24 stations du métro marseillais non-accessibles, qui en réalité, n’avaient jamais fait l’objet d’une étude digne de ce nom.

Au final, nous entendons des discours contradictoires et aucune réponse claire. En tant que citoyenne en situation de handicap j’estime avoir le droit, comme le CERIF, d’exiger l’accès aux rapports que possèdent la RATP et le STIF, afin de savoir si les éventuelles impossibilités techniques des travaux d’accessibilité du métro parisien sont avérées.

Marina CARLOS, Social Media Manager, Paris

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