Un coude à coude inédit s’est ouvert lors de ce premier tour des législatives. Alors que la NUPES conteste les résultats définitifs du ministère de l’Intérieur, l’alliance de gauche a réussi son pari en réunissant au moins 25,66% des suffrages contre 25,75% pour Ensemble, les forces de soutien d’Emmanuel Macron. Un résultat serré et discuté qui rappelle la nuit d’incertitudes lors du premier tour de l’élection présidentielle. Le score relance aussi l’intérêt des électeurs pour ce scrutin législatif qui a peu intéressés. Selon une estimation Ipsos-Sopra Steria, l’abstention avoisine les 52,3% et serait la plus haute sous la Ve République. En Seine-Saint-Denis, la tendance se confirme avec 61,1% d’abstention.

Un « strike » potentiel pour la NUPES en Seine-Saint-Denis

Raquel Garrido, candidate NUPES dans la 5ème circonscription de Seine-Saint-Denis (qui rassemble Bobigny, Drancy et Le Bourget), confiait au Bondy Blog viser le « strike » pour que l’alliance NUPES obtienne 12 circonscriptions sur les 12 que compte la Seine-Saint-Denis. Un pari sur la bonne voie, car tous les candidates du rassemblement des partis de gauche sont en tête dans l’ensemble du département, malgré une abstention qui dépasse la moyenne nationale, avec 61,1%.

Dans la 7e circonscription, le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, Alexis Corbière, qui briguait un deuxième mandat, a récolté 62,9% des suffrages. Il est le seul à avoir été élu dès le premier tour dans le département, loin devant la candidate Ensemble, Marie-Laure Brossier (15,99%). Avec Danièle Obono, Sarah Legrain, Sophia Chikirou, Alexis Corbière compte parmi les quatre candidatures NUPES élus dès le premier tour.

Dans la 4e circonscription (Blanc-Mesnil, Stains,Dugny), Soumya Bourouaha, candidate du PCF qui a rejoint la NUPES, devant d’une courte tête (36,1%) le candidat dissident PCF, Azzedine Taïbi, maire communiste de Stains (21,4%). Arrivé second, il retirera peut-être sa candidature.

Pour certaines candidatures, il semble que les dés soient déjà jetés. C’est le cas pour le candidat Eric Coquerel qui atteint 53% des suffrages dans la 1ère circonscription, largement devant la candidate LREM, Jeanne Dromard (18,8%). Le député sortant PCF Stéphane Peu, est aussi en tête dans la 2ème circonscription avec 62% des suffrages, ou encore 46% pour Clémentine Autain dans la 11e circonscription, devant une candidate PCF dissidente.

Malgré la première position dans tout le département, ce n’est pas gagné pour tout·e·s les candidat·e·s. Face à Jean-Christophe Lagarde, ancien maire de Drancy et député UDI depuis vingt ans, la candidate Raquel Garrido mène d’une petite avance : 37% face à 33%.  Mais une réserve de voix du Rassemblement National et de La République en Marche lui sont probablement promis. Rien n’est encore joué dans cette circonscription pour la NUPES.

Néanmoins, le risque d’être éliminé au second tour, concernent certaines candidates sur la liste NUPES de Seine-Saint-Denis comme Nadège Abomangoli et Fatiha Keloua Hachi. Dans la 8e circonscription, cette dernière se qualifie pour le second tour avec 35% des voix, face à Sylvie Charrière (LREM) qui obtient 21%, suivie de près par le RN et Les Républicains qui cumulent ensemble 26% des voix.

Des victoires individuelles remarquées dans les quartiers populaires

Ailleurs dans les quartiers populaires la coalition de gauche enregistre des résultats qui parlent au-delà des chiffres. « Il est temps qu’à l’Assemblée nationale, nos métiers soient visibles et que l’on vote des lois concrètes ! C’est nous les essentiels, c’est nous la France ! », scandait Rachel Kéké à la convention NUPES qui a lancé la campagne de cette alliance inédite, au mois de mai dernier. La gouvernante de l’hôtel Ibis Paris-Batignolles, candidate Nupes, a recueilli 37,22% des voix dans la 7e circonscription du Val-de-Marne (Chevilly-Larue, l’HAY-les-Roses, Rungis et Thiais). Loin devant l’ex-ministre des Sports, Roxana Maracineanu, candidate Ensemble.

Seul candidat qui porte les couleurs de la NUPES et du collectif « On s’en mêle » : Abdelkhader Lahmar, l’enfant de Vaulx-en-Velin, militant de quartiers populaires depuis plus de 30 ans, est pour sa part arrivé en tête avec 30,8% des voix dans la 7e circonscription du Rhône. Il a éliminé dès le premier tour la candidate LREM, Anissa Kheder. Cette soirée électorale du 12 juin a aussi vu la victoire dès le premier tour de Danielle Obono (17e circonscription de Paris), figure des luttes depuis plusieurs années au sein de La France Insoumise.

Jeunes abstentionnistes : la réserve de voix visée

Devant ces résultats qui donnent la NUPES en tête au niveau national, Jean-Luc Mélenchon, dans un discours calme et clair à demander au peuple de « déferler dimanche prochain » et plus particulièrement « à la jeunesse à qui le futur appartient, et d’abord dans tous les milieux populaires si durement éprouvés par les trente années de néo-libéralisme qui se sont abattus sur lui », a-t-il déclamé.

Le chef de file de La France Insoumise s’est adressé directement aux votants qui se sont mobilisés derrière sa candidature pour l’élection présidentielle, dans un élan inédit. Disposant de très peu de réserve de voix, il plébiscite de nouveau le vote des jeunes et des classes populaires pour faire pencher la balance en faveur de la NUPES.

Anissa Rami

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