Garges-lès-Gonesse a manqué sa révolution de quelques voix. C’est finalement Benoit Jimenez (UDI), le successeur du maire sortant Maurice Lefèvre, qui va s’asseoir dans le fauteuil de maire pour six ans. L’actuel adjoint a été élu avec 50,84% des voix, contre 48,16% pour son rival sans étiquette Samy Debah.

La soirée de dimanche a été marquée par un suspense haletant. Finalement, seules 127 petites voix ont séparé les deux concurrents. C’est dire si la soirée a été particulièrement longue et sous tension pour ceux qui avaient la lourde tâche du dépouillement et pour les citoyens venus attendre l’arrivée du vainqueur à l’annonce des chiffres officiels et définitifs.

La commune regroupe 17 bureaux de votes et la remontée pour la centralisation des résultats s’est faite au compte-goutte.

Le dépouillement a été long et attendu, dimanche soir à Garges

Au bureau n°1, il a fallu attendre 22 heures passées pour avoir un premier verdict. Stupeur : égalité absolue. C’est le premier bureau à afficher ses résultats. Tout le monde attend, au 1er étage de la mairie, dans la grande salle, sous un silence religieux mais impatient. Les bruits courts, parfois contradictoires : on parle de 33 voix d’écart, puis les chiffres évoluent jusqu’à atteindre 127.

Il faut attendre minuit pour voir le vainqueur arriver et la victoire se préciser. Benoit Jimenez embrasse à tour de rôle ses soutiens, jeunes pour l’essentiel. « Je suis absolument heureux de cette victoire, nous dit-il, euphorique. A partir d’aujourd’hui, on mettra en pratique le slogan qui a été le nôtre et qui nous a porté tout au long de cette campagne ‘Une ville unie, rien ne lui résiste’. C’est ce qu’on va commencer à faire dès demain, à savoir travailler avec tous les Gargeois et aussi ceux qui n’ont pas voté pour nous ».

Debah a déposé un recours

Avant la clôture du scrutin, l’esplanade qui fait face à l’Hôtel de ville est pleine de curieux. Ahmed*, 58 ans, agent de sécurité, raconte son arrivée dans la commune et son sentiment sur ses élections : « Je suis ici depuis 1982, à 19 ans. Nous avons tous acquis les choses avec difficulté et nous ne voulons pas prendre de risque avec le changement. Ceux de ma génération pensent comme moi. Et puis je connais bien Jimenez. Il est très accessible, il est toujours présent, il va au contact des gens ».

Mais à mesure que la soirée s’écoule, que le votes sont clos et que  dépouillement est entamé, les gens rejoignent progressivement l’étage de l’Hôtel de ville, pour y assister et être aux premières loges.

Pas un bruit, à la vue et à l’écoute des noms des candidats. Le décompte est déjà très serré et les échos annoncent le même suspense dans les autres bureaux de vote.

L’attente est longue, donc certains vont s’aérer sur la terrasse et les premières spéculations vont bon train. Moustafa, 42 ans, explique selon lui sa préférence : « Samy Debah est mon voisin en fait, et je trouve très agréable et il a du charisme. Il a fait des études, il a obtenu 2 Master, il a 48 ans et j’ai beaucoup plus confiance en un homme qui a une tête bien faite ».

Le si convoîté Hôtel de ville de Garges-lès-Gonesse

Quant à Faycal*, 38 ans, lui se justifie après ses amis de cette façon : « Nous on veut du changement, ces dernières années beaucoup se sont retrouvés dans des situations impossible à vivre et je pense que Debah peut nous l’apporter. Il a fait beaucoup de terrain pour aller à notre rencontre et il est très investi dans sa campagne ».

Cette soif de changement n’aura pas permis à Debah de l’emporter. D’une courte tête, il sort battu de ce scrutin mais lui préfère y voir le positif : « Au vu des résultats, nous ne sommes pas déçus car c’était très serré. Si on considère la grosse mobilisation des citoyens par rapport au premier tour, c’est déjà une victoire en soi. Notre démarche va s’inscrire durablement dans le paysage politique de la commune. »

Peut-être plus vite que prévu, car le candidat a demandé l’annulation du scrutin. En cause, des irrégularités de campagne comme l’annonce jugée mensongère de soutiens reçus par Benoit Jimenez ou des situations d’intimidation : «  Il y a eu un grand nombre d’irrégularités et de cas de non-respect de la loi, tranche Debah. Mon opposant a trompé les électeurs. » A Garges-lès-Gonesse, la campagne municipale n’est peut-être pas tout à fait terminée.

Audrey PRONESTI

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