Lundi 9 mars, il est 19h30 et l’on se demande ou l’on va bien pouvoir trouver des places aux personnes qui attendent pour suivre le débat entre les candidats au siège de maire d’Aubervilliers. La petite salle de 200 personnes du théâtre de la Commune est bondée. Face au public, six des sept têtes de listes sont là. Seule l’actuelle maire d’Aubervilliers, Meriem Derkaoui, également candidate, est absente.

Tous les autres ont répondu présent. Il y a ceux qui ont commencé par se présenter comme des « enfants d’Auber » comme le socialiste Marc Guerrien, candidat au nom du mouvement « Réveiller Aubervilliers » ou encore Zishan Butt, tête de liste citoyenne du mouvement « Aubervilliers en commun ». Ceux qui reviennent sur leur expérience municipale passée comme Jean-Jacques Karman, candidat communiste de la liste « Pour vivre mieux à Aubervilliers » ou encore Sofienne Karroumi qui conduit le mouvement et la liste citoyenne « L’Alternative citoyenne ». Enfin, ceux qui se situent aux deux extrémités de l’offre politique albertivillarienne. Alain Noé, candidat de Lutte Ouvrière, là pour faire entendre le parti des travailleurs et Karine Franclet, candidate de la droite et du centre qui admet que la ville est un bastion de la gauche mais qui considère que « les choses peuvent changer ».

Live from Mevo #AubervilliersLeDébat

Publiée par Bondy Blog sur Lundi 9 mars 2020

Lorsqu’est évoquée en introduction leur vision de la ville pour 2030, tous ont la même ou presque. Une ville où il fait « bon vivre » pour Marc Guerrien, Sofienne Karroumi ou encore Karine Franclet qui évoquent une ville qui sera « redevenue propre ». Zishan Butt et Jean-Jacques Karman sont sur le même ligne en étant en peu plus concrets en évoquant la bétonnisation en marche pour Zishan Butt et une ville avec plus d’espaces verts pour Jean-Jacques Karman. Alain Noé, quant à lui, évoque des mesures qui échappent aux compétences d’un maire comme l’augmentation des salaires et la baisse des loyers en rappelant qu’Aubervilliers est une des villes les plus pauvres de France.

L’écologie est « une urgence partagée par l’ensemble des candidats », rappelle Karine Franclet. Effectivement, tous parlent d’espaces verts, de circulation douce et de « passoires énergétiques » que sont certains logements qu’il faudrait rénover. Sofienne Karroumi précise le côté exemplaire que doit avoir la municipalité, « il faut s’appliquer à soi ce qu’on demande aux habitants aussi ».

Sécurité, propreté, jeunesse : des sujets phares à Aubervilliers

La question de la sécurité est au coeur des préoccupations des habitants et des programmes des candidats. Et ils ont été interpellés de manière très concrète sur le sujet par Rayane Aberkane de l’association et radio associative  « Ttous ensemble » qui co-animait ce débat. Il évoque l’agression subie par une dame d’une cinquantaine d’années, la semaine dernière dans l’ascenseur de son immeuble et appelle les candidats à exposer leurs solutions pour faire face à cette situation.

Sur la sécurité, Jean-Jacques Karman fait amende honorable : « J’avoue mon impuissance, déclare-t-il. Je suis preneur de solutions. » Il déclenche les rires de la salle en déclarant qu’aux 4-Chemins, les patrons de café lui disent que les agents de police achètent leurs cigarettes auprès des vendeurs à la sauvette. Les 4-Chemins, l’endroit même où à l’automne dernier, le ministre de l’Intérieur avait déclaré vouloir renforcer les effectifs pour justement lutter contre le trafic de cigarettes.

Karine Franclet se dit « ravie que cette question ait été posée. On me dit que je ne parle pas que de ça mais pas du tout ». Sofienne Karroumi l’interpelle pour rappeler qu’elle a le soutien des partis de « Sarkozy et Macron » et que le « tout sécuritaire n’est pas une solution ». Mais sur le fond, tous les candidats à part Alain Noé sont d’accord sur la nécessité de la vidéo-protection mais aussi et surtout sur la nécessité d’avoir davantage de moyens humains derrière les caméras et sur le terrain.

La propreté, c’est l’autre problème de la ville d’Aubervilliers. Brigades vertes, audit sur l’implication de Plaine Commune, l’intercommunalité dont fait partie la ville est qui est compétente sur les questions de propreté, davantage de moyens, humains comme matériels. Les candidats sont tous sur la même ligne sur ce dernier point.

A Aubervilliers, 40% de la population a moins de 30 ans comme le rappelle Sofienne Karroumi. La jeunesse est donc un sujet incontournable pour quiconque prétend vouloir devenir maire de la ville.

Le sujet est l’occasion d’une passe d’armes entre Sofienne Karroumi et Zishan Butt. En tant qu’ancien maire-adjoint chargé de l’enseignement notamment, Sofienne Karroumi est attaqué sur le bilan de la municipalité sortante. Zishan Butt rappelle que moins de 1% du budget d’investissement de la ville est consacré à la jeunesse. Il souhaite le faire passer à 3%. L’ancien élu prend alors le temps de rappeler qu’il est fier de ce qu’il a accompli pour la rénovation des écoles de la ville ou la réforme du quotient familial. 

Live from Mevo #AubervilliersLeDébat

Publiée par Bondy Blog sur Lundi 9 mars 2020

Encore une fois, tous sont d’accord sur le fait qu’il faille investir plus. Karine Franclet déplore le faible déploiement de l’étude après l’école. Jean-Jacques Karman lui rappelle que les jeunes réussissent à Auber et qu’il n’y en a qu’un millier qui posent problème mais comme pour la sécurité, il déclare ne pas avoir de « solution miracle ». Marc Guerrien le rejoint sur la nécessité d’aider « ceux qui sont en difficulté ».

Des moyens, encore une fois, c’est ce qui manque à la ville. Moyens sur lesquels la municipalité n’a d’ailleurs pas toujours la main. Lorsqu’Alain Noé évoque des classes à 30 ou 35 élèves, les moyens pour la municipalité dont dispose la municipalité pour y remédier sont limités.

Transparence et pratique du pouvoir

C’est lorsqu’a été abordée la question de la transparence que l’échange a été vif entre Karine Franclet et Jean-Jacques Karman. Cette dernière évoque les larmes d’une mère de famille qui a dû donner une enveloppe contre un logement : « ça m’a bouleversée et ça me révolte d’utiliser l’argent public à des fins politiques ». Jean-Jacques Karman a réagi vivement en estimant qu’il n’était pas responsable de lancer de telles accusations comme cela, « c’est trop grave ». Les deux candidats, qui se connaissent, conviennent de discuter de la situation ensemble. « Je suis ravie de ta réaction », conclut Karine Franclet.

Sur la pratique du pouvoir, les deux anciens élus de l’actuelle majorité que sont Jean-Jacques Karman et Sofienne Karroumi évoquent un mode de gestion « catastrophique » de la maire sortante et de sa garde rapprochée, regrettant l’absence de concertation.

La pratique du pouvoir, la nécessité d’associer les habitants, tous y reviendront lors de la carte blanche qui a été donnée à chaque candidat pour clôturer le débat.

Un débat qui a montré des candidats tous conscients des même réalités avec, finalement très peu de points d’achoppement entre eux. On se demanderait presque pourquoi, au-delà des partis, ils n’ont pas fait candidature commune…

Latifa OULKHOUIR

Articles liés

  • Municipales en Seine-Saint-Denis : les 6 enseignements à retenir

    Les élections municipales en Seine-Saint-Denis ont légué un paysage politique de nouveau dominé par la droite. Si nombre de maires sortants ont été réélus, un vent de dégagisme a soufflé sur quelques communes importantes du département. C'est le cas à Aubervilliers et à Bondy, ravis par la droite, ou à Saint-Ouen et à Saint-Denis, que le PS rafle. Analyse et prospective.

    Par Ilyes Ramdani
    Le 30/06/2020
  • Le blues des communistes de Saint-Denis

    Le communisme français a perdu un de ses bastions historiques. A Saint-Denis, c’est le socialiste Mathieu Hanotin qui a remporté le second tour des élections municipales à la tête de sa liste « Notre Saint-Denis ». Avec 59% des suffrages, l’ancien député de la circonscription a remporté une large victoire face au maire sortant, Laurent Russier (« Vivons […]

    Par Hassan Loughlimi
    Le 30/06/2020
  • Garges-lès-Gonesse change de voie mais reste à droite

    La candidature de Samy Debah, fondateur du CCIF, avait placé Garges-lès-Gonesse sur la carte de France des municipales. Ce dimanche, le professeur d'histoire-géographie gargeois a manqué de peu la victoire finale. C'est Benoit Jimenez, l'actuel adjoint du maire sortant, qui conservera la commune du Val-d'Oise à droite. 

    Par Audrey Pronesti
    Le 29/06/2020