Depuis quelques semaines, les habitants de Boulogne-Billancourt croisent souvent son regard et son sourire. Et pour cause, le visage de Pauline Rapilly Ferniot est placardé à tous les coins de rue, candidate aux élections municipales dans la ville des Hauts-de-Seine. A 24 ans, la jeune femme mène ainsi la liste d’EELV à l’occasion du scrutin du 15 mars prochain.

Une responsabilité bien grande pour une femme bien jeune. « Je suis engagée en politique parce que j’estime que mes valeurs ne sont pas forcément représentées, justifie-t-elle. Il y a beaucoup de jeunes comme moi qui ne sont ni désengagés ni dépolitisés. On ne fait pas de politique politicienne mais on s’investit dans des associations, des organismes, des ONG… Je veux agir pour faire vivre mes valeurs. »

Pour la première fois dans l’histoire politique de la commune, EELV présente une liste à Boulogne-Billancourt, plus grande ville de banlieue parisienne avec ses 120 000 habitants. La tâche s’annonce donc ardue pour Pauline Rapilly Ferniot dans un territoire qui vote à droite sans discontinuer depuis près d’un demi-siècle.

Pas de quoi décourager la jeune femme, fille d’un père ingénieur chez Thalès et d’une mère agent immobilier. Elle nous reçoit dans l’appartement bigarré et lumineux qu’elle partage avec son amie et leur chat, tout près du centre-ville. Partout, des livres et des traces de sa conscientisation. Son engagement politique ne pouvait se dissocier, explique-t-elle, de son combat pour l’écologie.

« J’ai toujours été intéressée par l’environnement, raconte la candidate. A 7 ans, déjà, je disais à mes parents de recycler les papiers et de faire le tri des déchets pour sauver la planète !  »

J’y crois et j’y sacrifie tout mon temps

Passion enfantine devenue valeur cardinale à l’âge adulte, l’écologie a entraîné Pauline Rapilly Ferniot vers des engagements associatifs, au sein de différents collectifs et ONG aussi. Après avoir obtenu son bac dans le 16e arrondissement, elle a suivi des études d’histoire et de sciences politiques, jusqu’à décrocher un master de l’université Paris-8 à Saint-Denis. Aujourd’hui, la Boulonnaise travaille à la mairie de Bondy comme chargée de mission au développement durable.

Pauline Rapilly Ferniot lors de notre entretien, à son domicile, le 22 février 2020 / (C) Kab Niang

En dehors de ses horaires, elle assume consacrer le plus clair de son temps libre à son nouvel engagement politique. « J’y crois et j’y sacrifie tout mon temps, dit-elle. Je sens une grande responsabilité quand je vois mes affiches partout dans la ville, quand je vois des gens qui viennent à mon meeting, qui écoutent et partagent mes idées… Aujourd’hui, je me soucie beaucoup d’offrir à ma ville une option moderne et dynamique. » Tant pis si elle est jeune et si elle n’a voté pour la première fois qu’en 2017 – un bulletin pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, confie-t-elle.

EELV, elle y est arrivée au hasard d’une rencontre. Celle avec Julien Bayou, ancien porte-parole devenu secrétaire national du mouvement. « Je me suis reconnue dans sa façon de faire de la politique, raconte-t-elle. Ses valeurs sont les miennes. Je me suis dit ‘ce parti-là, il est fait pour moi’. Et je ne regrette pas du tout. » De là à devenir tête de liste d’un parti qui a fini troisième aux européennes (avec 13,4% des voix, derrière LREM et LR)…

Une campagne active sur ses fondamentaux

« J’ai de l’ambition pour ma ville, assure-t-elle. Face à l’urgence climatique, Boulogne a besoin d’égalité et de justice sociale pour vivre mieux. Ce n’est pas facile de faire campagne ici, dans une ville de droite, mais on pense pouvoir réussir parce que la population a besoin d’un changement. »  

Pour sa première campagne, Pauline Rapilly Ferniot ne chôme pas. « Depuis mon investiture, je passe mon temps à faire des porte-à-porte, à tracter, aller dans les marchés, voir les habitants, parler de mon programme… » Dans son viseur, les habitants sensibles aux questions d’écologie, les 5500 qui ont voté pour son parti aux européennes et les jeunes, notamment.

Avec son équipe, elle espère passer la barre des 10% et se qualifier pour le second tour. S’il sera compliqué de l’emporter cette fois, l’engagement politique de la jeune femme ne devrait pas s’arrêter le 22 mars. Avec le sourire, elle raconte : « Ma relation avec les autres, prendre la parole en public, défendre les gens, c’est mon affaire, je l’ai senti dès le collège. »

Kab NIANG

Les autres candidat.e.s à Boulogne-Billancourt :

  • Pierre-Christophe Baguet (LR) – La ville plus facile
  • Evangelos Vatzias (LREM) – Une nouvelle énergie pour Boulogne-Billancourt
  • Judith Shan (PS) – Nous sommes Boulogne
  • Antoine De Jerphanion (DVD) – Avec vous, pour Boulogne-Billancourt
  • Isabelle Goitia (PCF, LFI) – Boulogne-Billancourt solidaire et humaine

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