Après un mois de jeûne, les familles se rassemblent pour célébrer la fin du ramadan. Un moment de joie où chacun et chacune soignent son apparence. À la veille de l’Aïd el-fitr, bon nombre de fidèles se ruent dans les salons de coiffure.

Chez « Lina coiffure », c’est l’ébullition. Le salon est situé sur la populaire rue d’Avron, dans le 20e arrondissement de Paris. Très kitsch, sa façade n’a pas changé depuis des années. Sur un fond bleu galaxie, le nom de l’enseigne est inscrit en blanc et rose. De part et d’autre de sa vitrine, des modèles de coupes de cheveux pour homme et femme sont affichés.

À l’intérieur, la déco est à l’image de l’extérieur. Le rose et blanc forment un damier sur le plafond du salon et des banquettes noires usées font office de salle d’attente pour les clients. Assis, ils observent le travail des coiffeurs qui coupent ou lissent les cheveux de ceux qui passent. Le tout, sous le regard attentif du patron qui tient la caisse.

Dans le salon Lina coiffure, l’effervescence des jours de fêtes

Ce jeudi à 14h, il est déjà impossible de s’asseoir, toutes les places sont prises. Même si le salon est mixte, les femmes sont plus nombreuses aujourd’hui. Sur les sept sièges de coiffure, cinq leur sont dédiés. Parmi les femmes qui passent le cap de la porte, il y a deux types de clientes. Celles qui, malgré le monde, décident de patienter sous la chaleur des sèches cheveux, et les moins courageuses qui font demi-tour en espérant revenir en heure creuse.

La veille de l’Aïd, l’affluence ne diminue presque pas, explique Sanaa, une des coiffeuses. « Depuis 9h, il y a du monde. Je finis à 19h et mes collègues à 20h », précise-t-elle. La cadence est dure à tenir pour les coiffeuses, elles peuvent à peine souffler. Après la pose d’une teinture châtain sur une cliente, place au shampoing et au brushing pour une autre. Alors, entre deux tirages de cheveux, certaines font des exercices de montée de genoux pour faire circuler le sang.

L’odeur du sèche-cheveux s’entremêle à la teinture et imprègne les narines des clientes qui attendent patiemment leur tour. « Je suis venue de loin pour toi », lance une cliente à sa coiffeuse habituelle. Elle devra attendre le passage de trois femmes, avant de profiter de son instant de beauté. Les clientes qui viennent se coiffer chez “Lina coiffure” sont des habituées. « Je viens souvent dans ce salon car une des coiffeuses lisse parfaitement mes cheveux. Elle est la seule qui puisse les faire », raconte Inès, 28 ans, venue du 94.

« On s’attend à voir du monde et il y a une ambiance particulière »

C’est presque un rituel. Chaque cliente qui finit souhaite Aïd Mubarak (expression arabe qui signifie bonne fête) au reste du salon. Les habituées font même la bise aux coiffeuses. Heureuse de voir ses cheveux parfaitement lisses, une cliente enlace la sienne avant de lui mettre un billet de 20 euros dans sa boîte à pourboire.

Aller chez la coiffeuse la veille de l’Aïd, ce n’est pas comme tous les autres jours. « On s’attend à voir du monde et il y a une ambiance particulière », explique Badra, 23 ans, venue faire un brushing. Accueillir l’Aïd demande toute une préparation. Elle est aussi « allée au hammam » la veille pour se faire jolie. Pour Sarah, 30 ans, aller chez la coiffeuse est « une tradition ».

« On doit être beau, sentir bon et porter de beaux vêtements » pour l’Aïd, ajoute-t-elle. Comme Badra, elle trouve qu’il y a une ambiance particulière dans le salon : « Il y a plus d’animation et de monde. » Un moment particulier qui s’inscrit dans la célébration de l’Aïd el-fitr.

Marie-Mène Mekaoui 

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