Des centaines de personnes en file indienne longent la rue qui mène jusqu’à l’entrée du meeting de la France Insoumise. « C’est mon premier meeting. Je suis là pour regarder ce qu’il se passe parce que plus tard, je vais voter et je veux m’intéresser » confie timidement Maissene, lycéenne de 16 ans.

À l’intérieur, dans une ambiance musicale, tout le monde s’installe petit à petit dans la salle de meeting qui peine à afficher complet. Il est presque 15h30, quand élus et soutiens de la France insoumise gravissent les marches de la grande scène, sur le célèbre hymne marseillais “En bande organisée”. Le meeting s’ouvre avec l’intervention du Bastien Lachaud, député LFI à Aubervilliers. Tout juste revenu d’un voyage en Nouvelle-Calédonie, il commence par aborder la question actuelle de la violence que subissent les Kanaks. « On s’oppose au projet mortifère que mène Emmanuel Macron en Kanaky », scande le député.

Le sujet sera également abordé par Jean-Luc Mélenchon, au début de sa prise de parole « Oui, il y a deux peuples en Nouvelle-Calédonie et l’un a été colonisé et est opprimé », tonne le chef de file de la France Insoumise.

Les luttes du 93 à l’honneur

Le parti des Insoumis, qui compte neuf députés sur treize en Seine-Saint-Denis, choisit de mettre à l’honneur les différentes luttes du département. Des élèves du lycée de Sevran, connu pour la diffusion de leur vidéo Tik Tok qui dénonçait les conditions dans lesquelles ils sont contraints d’étudier, sont venus faire entendre leur voix accompagnée d’une représentante de Sud Education 93. « Nous n’avons pas confiance dans ce gouvernement qui nous abandonne et ne répond pas à la jeunesse », déplore l’étudiante venue faire le discours.

C’était agréable de voir les luttes du 93 mises en avant

Depuis maintenant des mois, le corps enseignant du 93 demande un plan d’urgence pour l’éducation dans le département le moins doté de France métropolitaine. « C’était agréable de voir les luttes du 93 mises en avant, parce qu’on n’en parle pas », se réjouit Lili Grange, CPE à Bobigny, en sortant du meeting.

S’ensuit une prise de parole émouvante de l’association “les mamans de la banane”, qui lutte pour la jeunesse et contre les conduites à risques dans les banlieues et notamment les rixes. « Naître en tant qu’enfant noir ou arabe dans ce pays, peut vous tuer », dénoncent-elles. Enfin, c’est au tour des ouvriers de l’entreprise MA France de s’exprimer. En grève depuis mi-avril, ils luttent contre la liquidation de la société automobile d’Aulnay-sous-Bois, et pour la préservation de plus de 400 emplois.

Un moment qui met en avant les luttes présentes en Seine-Saint-Denis et conclut par l’intervention de Rachel Kéké, député Insoumise du Val-de-Marne. « Si je suis visible aujourd’hui, c’est grâce à cette lutte que nous avons gagnée » scande la députée à propos de la longue lutte des femmes de chambre de Batignolles qui a duré 22 mois.

Un soutien à Gaza

« Rima ! Rima ! Rima !  », acclame la foule à l’arrivée des élus de la France Insoumise. Entre les drapeaux français et ceux du parti politique, il apparaît quelques drapeaux palestiniens. « Ce que j’aime bien, c’est la présence de Rima Hassan, septième sur la liste. Plein de personnes disent que la Palestine n’a rien à voir avec l’Union européenne, alors que si, ça à avoir. Il faut soutenir Gaza et c’est le seul parti qui le revendique jusqu’à présent », explique une étudiante de 19 ans, venue de Strasbourg.

« La censure est l’outil de ceux qui ont perdu la bataille de l’opinion », clame la candidate aux élections européennes, Rima Hassan, en réaction à ces prises de position qui lui ont valu une convocation pour “apologie du terrorisme”. « La paix passera par la reconnaissance de l’État palestinien et la condamnation de tous les crimes », poursuit-elle. Beaucoup d’adhérents mettent l’accent sur la position du parti concernant la situation à Gaza. « J’attendais surtout d’entendre parler de la Palestine, il n’y a que LFI qui tient un discours sur l’horreur qui est en train de se passer », explique Lili Grange.

Des électeurs mitigés sur l’intérêt de ce scrutin européen

Manon Aubry, tête de liste de la France Insoumise pour les Européennes, conclut plus de deux heures de meeting et met l’accent sur l’importance des votes le 9 juin prochain. La députée européenne, quatrième dans les sondages, peine à convaincre l’ensemble des électeurs pour les élections européennes.

« Je vais être honnête, je ne vais pas voter pour les Européennes. J’ai l’impression que tout est joué. Vous pouvez le voir partout dans les médias, ceux qu’ils demandent, c’est la droite, l’extrême droite. C’est logique dans ce système capitaliste », déplore un homme venu pour la première fois à un meeting de la France Insoumise. Éric, sympathisant de la LFI, déclare de son côté être venu soutenir le parti. « Très franchement, les élections européennes, aucun intérêt pour moi. Ce n’est pas là que ça se joue », confit-il.

Je n’ai pas l’habitude de voter pour les Européennes, mais là, c’est le moment de ne pas se taire

D’autres, en revanche, s’intéressent pour la première fois aux élections européennes. « Il y a une telle montée du fascisme que je n’ai pas envie de rester les mains dans les poches. J’ai envie de m’opposer à ça », explique Lili Grange. Un militant insoumis venu d’Argenteuil, également secrétaire général du syndicat FSE, affirme en écho qu’il se rendra aux urnes le 9 juin. « Je n’y manquerai pas, je n’ai pas l’habitude de voter pour les Européennes, mais là, c’est le moment de ne pas se taire. »

Ce meeting de près de trois heures a brassé des sujets sociaux, écologiques et internationaux. Des thématiques qui ont réuni un public jeune. Mais La France Insoumise semble peiner à convaincre de nouveaux électeurs et à lutter contre le fort abstentionniste de ses électeurs aux Européennes.

Lisa Sourice

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