Depuis plus d’un an, la lutte est menée aux jardins ouvriers d’Aubervilliers, afin d’empêcher la destruction d’une partie des parcelles nourricières. En cause dans ce projet dévastateur : un solarium, pour faire suite à la piscine d’entraînement aux Jeux Olympiques, et qui entraînerait la disparition de près de la moitié de l’actuelle superficie du jardin des Vertus.

Si, depuis quatre mois, la lutte pour la préservation des lieux avait pris une dimension nouvelle, sous forme d’une occupation, la JAD (Jardins à Défendre) a été expulsée par la police jeudi 2 septembre au matin, causant la destruction des installations de différents lieux de vie collective construites par les militantes et les militants, mais aussi d’une partie de la faune et de la flore locale, et donnant lieu à une série d’interprétation.

Au rassemblement organisé devant la mairie d’Aubervilliers à 18 heures le jour-même, réunissant plusieurs centaines de personnes autour de prises de paroles collectives : Extinction Rebellion, les Brigades de Secours Populaires, Pour une Écologie Populaire et Sociale, mais aussi la CGT et différents partis politiques se sont mêlées aux habitant∙e∙s d’Aubervilliers et aux militant∙e∙s de la JAD.

Des parcelles nourricières détruites pour un projet qui ne fait pas l’unanimité

Alors qu’un recours juridique a été déposé lundi 30 août, pour contester le projet de solarium et demander la suspension des travaux, la lutte pour la défense des jardins ouvriers d’Aubervilliers, présentée lors d’une intervention comme « symbolique de l’écologie populaire que l’on défend » face à « l’écologie des pots de fleurs » et « des gens qui défendent une société du pognon », le combat local s’inscrit plus largement contre l' »injustice climatique ».

Après les prises de parole, et l’appel à défendre les « poches de résistances » que sont les zones en lutte comme les jardins ouvriers d’Aubervilliers (« résistance contre toutes les oppressions, contre le juridique, pour la sécurité alimentaire« ), et en défense d’une écologie « dans la survie », comme c’est le cas « dans les jardins, dans les quartiers populaires », une marche a été proposée, pour se rendre collectivement devant les jardins des vertus et constater l’ampleur de la destruction des pelleteuses encadrées par les forces de l’ordre.

Les forces de l’ordre venues en nombre pour faire face aux défenseurs des jardins ouvriers. © Palice Jekowski

Au cours de la manifestation dans les rues d’Aubervilliers, les manifestant∙e∙s qui alternaient les slogans « Tout le monde déteste la police ! » ou « Des légumes, pas du bitume ! » ont reçu le soutien d’habitant∙e∙s et de chauffeuses et chauffeurs de bus, qui les encourageaient à renfort de klaxons. Et si la marche n’avait pas été déclarée, des cars de CRS attendaient devant les jardins des vertus, rapidement rejoints par d’autres.

Des forces de l’ordre en nombre pour continuer l’évacuation des jardins

Alors qu’une dizaine de camions de police et des membres de la BAC entouraient la rue et bloquaient l’accès aux jardins dévastés, des manifestant∙e∙s ont réussi à entrer sur les lieux de la JAD, suivis par des policiers. C’est grâce à leur connaissance du terrain que les militant∙e∙s ont réussi à sortir, tandis que les policiers restés devant sommaient les personnes rassemblées (plus d’une centaine) de partir, poussant celles et ceux qui se trouvaient devant eux.

C’est aux alentours de 21 heures que la police a finalement décidé d’évacuer la rue, en repoussant les manifestantes et manifestants vers le Fort d’Aubervilliers, à renfort de coups de pieds et de matraques. Un groupe de manifestant∙e∙s qui s’était assis∙es sur la chaussée pour bloquer l’avancée de la police a été séparé du reste du rassemblement, et l’un d’entre elles et eux a été interpellé.

À l’heure actuelle, des militantes et militantes ont réussi à ré-entrer dans les jardins et occupent une allée de la zone. Un effectif très important de policiers a été mobilisé aux alentours des jardins des Vertus, et des grillages bâchés entourent désormais les parcelles défendues, afin d’empêcher d’observer la progression du chantier.

Eva Fontenelle

Photographie à la Une © Palice Jekowski

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