Il est 16 heures, les rues de la cité sont vides, le quartier est mort. Désertique. A J-V (la place Jules Vallès), cinq jeunes à tout casser, assis sur des voitures, font du sur place en face du tabac-presse. Ils discutent. Le tabac-presse est fermé. Non pas en raison des vacances, c’est comme ça quasiment toute l’année. Je passe devant tous les jours, je ne l’ai vu ouvert qu’une seule fois. Pourtant, il avait une bonne clientèle, une dizaine de personnes, des fidèles, et les locaux sont grands. Peut-être est-ce parce que le bâtiment au-dessus va être démoli…

Sur la place, pas un chat, pas un enfant, pas de passants. A côté du grec, trois hommes parlent et tiennent une boisson entre leurs mains. La boucherie, la boulangerie, l’auto-école, les grecs et les épiceries sont sans âme qui vive, même les commerçants sont absents de leur comptoir.

Derrière les écoles du DNG (da north gang), il y a un terrain de foot, le « stade synthétique ». Chaque jour en rentrant du lycée, midi et soir, le stade est occupé par petits, moyens et grands. L’école y organise des activités. Aujourd’hui, rien. A droite du stade, il y a un petit parc, tout petit petit, pour les tous petits. Il y a un toboggan, des jeux fixés au sol pour se balancer. Visiblement, les nounous sont aussi en vacances, à moins qu’elles ne sortent bien plus tard, attendant le retour des parents. Une vaste zone d’herbe, luisante, brillante, subit l’agression du soleil.

On s’approche de 18 heures. Vers le gymnase Bonaparte, des cris et des éclats de rire. Tiens, y a de la vie! D’où provient cette vie ? Du centre de loisirs d’en face. Les enfants jouent, chahutent. En face du collège des Pyramides, il y a une place, bondée en temps ordinaire par des jeunes de 15 à 25 ans, aujourd’hui il y a à peine trois garçons qui bien que mats de peau, crêpent au soleil et tentent de bronzer… Il y a une passerelle, au milieu de la cité, elle mène vers l’arrêt du bus les Miroirs. Même schéma, devant le tabac du dragon, deux personnes assises sur un muret discutent.

Tout cet univers est très masculin. La rue est en sous-effectif aujourd’hui. Pas croyable. Drôle d’impression que d’observer le peu, le rien. Aucune fille dans la cité, sinon deux petites de sept ans, qui jouent seules avec un caddy dans l’herbe.

Silvia Sélima Angenor

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Silvia Sélima Angenor

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