Je viens des États-Unis pour faire un échange Erasmus à Paris Val-de-Seine pendant cette année scolaire. Selon moi, c’est particulièrement intéressant de voir comment les Français étudient la question de la ville. Normalement dans mon école en Californie, on a recours à un programme, un site spécifique, et les besoins d’un client potentiel. On propose des idées pour résoudre des enjeux spécifiques et arriver à une solution architecturale.

Dans ce cas de Bondy, c’est plus complexe de comprendre un site inscrit dans la ville considérée dans sa totalité, voire même dans l’ensemble du territoire régional. Nous ne disposons pas d’un programme, ni d’un client, ni d’objectifs définis au préalable, que ce soit au niveau de la commande, ou à titre académique. Donc, la façon de penser, de travailler, et de présenter est très différente de ce qui a cours aux Etats-Unis.

Le petit groupe dont j’ai fait partie à l’origine a centré son travail sur le viaire (relatif au réseau des rues d’une ville) et la logistique, principalement l’ensemble constitué par la RN3 et le canal de l’Ourcq. De grandes infrastructures ont créé de profondes ruptures spatiales dans la ville. Nous avons ainsi été amenés à réfléchir aux modalités destinées à relier davantage les quartiers limitrophes.

Entre le canal et la RN3 quelques grandes entreprises se sont installées depuis une trentaine d’années. Ces « bandes » de grandes surfaces occupées par les big-box ont constitué cette rupture entre le nord et le centre de la ville.

Ensuite, nous avons fait un effort pour comprendre les possibilités de l’avenir du commerce en France. Dans le futur, le rôle de l’informatique (e-commerce) va probablement augmenter encore. Par exemple, les achats en ligne et la livraison à la maison impliquent que le commerce sera plutôt clivé entre logistique matérielle et distribution « virtuelle ».

Les aéroports et des lieux de « grands transports » seront les sites les plus importants pour assurer cette distribution efficace. La « ville générique » décrite par l’architecte Rem Koolhaas constitue sans doute un bon outil pour comprendre que ses « non-lieux » seront de plus en plus importants. Par rapport à Bondy, il est vraisemblable de penser à une délocalisation de ces big-box dans les prochaines années.

Si ces « grandes boîtes » vont se déplacer à terme, on aura l’opportunité de faire des nouvelles interventions urbaines sur le territoire compris entre le canal et la RN3. Nous sommes en train d’esquisser de stratégies urbaines à ce sujet.

Colin Whaley (Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris Val-de-Seine)

Précédents articles de la série Happy Bondy :
Bondy-dissection-architecturale
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Colin Whaley

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