« Quand la justice n’est que violence, la violence n’est que justice. » La punchline extraite de “Quartier VIP” est postée sur le compte Twitter de Médine. Elle accompagne la photo de Nahel, 17 ans, tué au volant d’une voiture par un policier à Nanterre, mardi 27 juin.

Aujourd’hui, la phrase du rappeur havrais fait échos aux révoltes urbaines qui ont émergé dans toute l’Île-de-France ce mardi soir. Des centaines d’habitants du quartier du Vieux Pont à Nanterre ont posé des barricades pour bloquer le passage aux policiers. « Hier, ma ville était en feu, ma ville était en pleurs », raconte poétiquement Doria, rappeuse nanterrienne, dans sa story Instagram. « Une extrême peine et un crime de sang-froid qui doit être puni ! Nahel un petit frère parti trop tôt », conclue-t-elle

Des révoltes ont éclaté partout en Île-de-France, de Vitry-sur-Seine (94) à Mantes-la-Jolie (78) en passant par Aulnay-sous-Bois ou encore Argenteuil (95). Dans ce contexte, nombreuses sont les personnalités publiques influentes à avoir pris position sur les réseaux sociaux. Les marches blanches et les révoltes contre la police sont réservées aux quartiers populaires, particulièrement concernés par les violences policières.

« J’ai mal à ma France »

Les réactions viennent majoritairement de personnalités issues de l’immigration et de quartiers populaires. Certaines ont dû subir les invectives et les procès en communautarisme, notamment de l’extrême droite. C’est le cas de Kylian Mbappé et d’Omar Sy. Les deux sont rompus à l’exercice. Quand le premier tweete « J’ai mal à ma France », la fachosphère lui répond que ce n’est pas « sa » France. Quand le second adresse sobrement « ses pensées et ses prières à la famille et aux proches », on lui reproche, à tort, de n’avoir rien dit pour Samuel Paty ou la jeune Lola.

« Nahel aurait pu être mon petit frère. » Alors que leurs paroles sont rares, d’autres sportifs ont réagi. Le footballeur international, Aurélien Tchouameni, a publié une lettre ouverte remarquée sur ses réseaux. Sur un ton plus énervé, Jules Koundé, qui évolue au Barca, a taclé un traitement médiatique qui « criminalise la victime et trouve des circonstances atténuantes là où il n’y en a aucune ». 

« Il est inacceptable qu’en France, un enfant de 17 ans soit tué par un policier », martèle quant à lui Malik Bentalha. Le rappeur PLK se fend d’un lapidaire : « La police tue ». En 2022, le nombre de décès après un refus d’obtempérer ont battu des records. « L’histoire se répète, encore et encore », déplore DJ Snake sur ses réseaux.

Sans caméra, les keufs auraient été jouer les victimes dans les médias

Si l’indignation prend autant sur les réseaux sociaux, c’est grâce à l’enregistrement qui montre l’intégralité de la séquence. Cette vidéo donne une base solide aux réactions puisqu’elle dément à elle seule la version donnée par les policiers. « Sans caméra, les keufs auraient été jouer les victimes dans les médias, vous imaginez ? », soulève ainsi le rappeur Niska dans un tweet.

L’histoire se répète

D’autres personnalités pointent le traitement particulier réservé aux jeunes hommes issus de quartiers populaires. Rohff dénonce le deux poids, deux mesures en citant des noms : « Ça aurait été Pierre Palmade ou le fils de Nadine au volant, défoncé à la coke et je n’sais quoi d’autre, je doute fort qu’ils se seraient fait exécuter de la sorte. »

Quelques artistes affichent leur soutien à la famille. PLK propose ainsi d’ouvrir une cagnotte, « un truc sérieux ». Sur un ton plus virulent, Sadek promet de reverser l’intégralité du cachet de son prochain concert, « pas grand chose, 9000 euros », à la famille du défunt.

« Quand la justice n’est que violence, la violence n’est que justice ». C’est la deuxième fois en trois ans que Médine poste le même message sur Twitter. La dernière fois, c’était le 26 novembre 2020. Le producteur Michel Zecler venait de se faire passer à tabac par des policiers. Cette fois aussi, il avait fallu un enregistrement vidéo pour que la version livrée par les forces de l’ordre soit démentie et alerte l’opinion publique. L’histoire ne fait que se répéter.

Hadrien Akanati-Urbanet

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