Avec le Collectif Taubira pour 2022, vous tentez depuis l’été 2020 de démontrer la crédibilité de Christiane Taubira en tant que potentielle présidente de la République. Où en êtes-vous ?

Le collectif est toujours actif et même en ébullition en ce moment. Nous sommes en phase de structuration, avec pour objectif de garantir l’efficacité de nos actions tout en conservant notre fonctionnement horizontal. Lors de notre dernière assemblée générale dimanche 5 décembre, nous avons par exemple nommé des représentant·e·s du collectif auprès de l’équipe de Christiane Taubira.

Nous avons également entériné le changement de nom du collectif En Union pour 2022, notamment pour refléter davantage le sens de notre combat : ce qui nous importe avant tout, c’est l’union des forces humanistes, écologiques et sociales en 2022, et nous sommes convaincus que c’est Christiane Taubira qui sera la plus à même de porter cette union.

Elle n’a jamais trahi. Elle a été active quand il a fallu l’être et s’en est allée quand il a fallu
le faire.

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Croyez-vous toujours à la candidature de Christiane Taubira et pourquoi ?

On y croit plus que jamais. Elle était assez discrète depuis un an et on voit, récemment, qu’elle intervient de plus en plus sur des sujets politiques et militants. Cela montre qu’elle n’est pas contre le fait d’être visible et d’agir pour l’union. Nous sommes convaincus que c’est la seule qui est en capacité d’unir les candidats et l’électorat de gauche. C’est une femme d’action qui a prouvé au cours de sa carrière politique qu’elle incarne toutes les valeurs de la gauche. Elle n’a jamais trahi. Elle a été active quand il a fallu l’être et s’en est allée quand il a fallu le faire (ndlr : démission du gouvernement Hollande en tant que garde des Sceaux en janvier 2016).

Elle a toujours su placer ses convictions bien avant ses intérêts politiques. On l’a vu notamment avec sa loi de mai 2001 pour la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité ou à travers sa loi de mai 2013 pour le mariage pour tous. La plupart des gens que l’on rencontre nous disent qu’ils la trouvent intègre et humaniste, qu’elle fait du bien sur la scène politique. C’est la seule personnalité à gauche capable de rassembler, qui a cette carrure de femme d’Etat, qui a la capacité d’affronter avec des arguments forts et pertinents ces candidats de droite et d’extrême droite.

L’enjeu n’est pas de pointer ce qui nous divise mais ce qui nous rassemble.

On comprend bien que vous ne voulez pas vous résoudre à l’éparpillement des candidatures à gauche. Pourtant, les trois principaux candidats de gauche (Mélenchon, Jadot, Hidalgo) semblent pour l’heure opposés à une quelconque union, n’est-ce pas ? Sans parler de leurs nombreux désaccords sur la laïcité, le capitalisme économique ou encore le nucléaire…

Oui, et en même temps, on s’y attendait. C’est normal. Ils ont encore ce besoin d’exister et de faire campagne. Mais quand on regarde le dernier meeting de Mélenchon par exemple, on voit bien que sa communication évolue. Avant, il était beaucoup plus dans le moi Je. Désormais, il sait qu’il n’y arrivera pas tout seul et qu’on aura besoin de tout le monde pour faire gagner la gauche.

Les semaines passent et les scores dans les sondages ne bougent pas. On s’en fiche de leurs divergences.

Le débat sur l’union n’est pas encore terminé. L’enjeu n’est pas de pointer ce qui nous divise mais ce qui nous rassemble en termes de justice sociale, d’égalité réelle, de démocratie, de visibilité pour les minorités, de défis climatiques. Ce que l’on veut, c’est qu’ils se mettent tous – PS, LFI, EELV – autour de la table. Car l’issue se trouve peut-être dans l’union autour d’une candidature pas encore déclarée.

Quand on est face au fascisme, on doit s’unir.

Comment les faire changer d’avis ?

Si, au bout du bout, ils voient que leurs candidatures ne prennent pas, qu’ils ne dépassent même pas les 10% chacun, ils vont bien finir par se réveiller et voir les choses autrement. Jusqu’ici, ils font exprès de ne pas se mettre d’accord pour exister. Mais quand on est face au fascisme, on doit s’unir. L’extrême droite occupe l’espace. On la voit partout. Et de notre côté, on n’a toujours pas compris qu’il fallait monter sur le ring. Les semaines passent et les scores dans les sondages ne bougent pas. On s’en fiche de leurs divergences.

Il y a quand même des députés tels que François Ruffin, Sandrine Rousseau et Clémentine Autain qui ont appelé à l’union. C’est bon signe.

Ce que l’on souhaite, c’est une union des gauches pour agir face aux nombreux problèmes de notre société actuelle tels que le chômage, les sans-abris, le changement climatique, les discriminations, etc. L’union est encore possible car nous sommes d’accord sur l’essentiel. On va continuer de pousser pour les faire craquer. Il y a quand même des députés tels que François Ruffin, Sandrine Rousseau et Clémentine Autain qui ont appelé à l’union. C’est bon signe.

Primaire à gauche : « S’ils sont cinq, ils sont sûrs de perdre » – Bondy Blog

Prévoyez-vous une action particulière pour vous faire entendre ?

Il y a déjà 36 rassemblements prévus dans toute la France dont une place de la République à Paris ce samedi 11 décembre pour un Front Populaire Ecologique contre l’extrême droite. C’est une marche organisée à l’initiative de la Primaire Populaire en collaboration avec notre collectif et qui souhaite regrouper bientôt toutes les organisations qui partagent nos valeurs, dans le but de pousser à une candidature unique à gauche. Nous sommes souvent vus comme un fan club de Christiane Taubira mais ce n’est pas le cas.

Nous sommes des citoyens engagés pour fournir une alternative aux discours de haine et de division. Des verts, des insoumis, des socialistes, d’autres sans étiquette, notamment de nombreux abstentionnistes, nous composent et représentent la diversité de la gauche. L’affiche de l’événement de ce samedi 11 décembre se compose de vert, de rouge, de rose, de violet et de jaune. Ce n’est pas pour rien. Nous devons faire front ensemble afin qu’un seul candidat se dégage pour gagner.

Christiane Taubira veut réellement tout faire pour que l’union se réalise.

Christiane Taubira s’est notamment exprimée sur le plateau de Quotidien le 30 novembre, trois jours après son a capella lors du concert de Gaël Faye au Zénith de Paris. Quel regard portez-vous sur ses récentes déclarations ?

Ses dernières apparitions confirment son engagement dans la logique de parler des urgences. Elle parle des désordres du monde et qu’il est urgent d’apporter des réponses. Elle parle souvent de la jeunesse qui s’empare de ces questions. Elle croit en la démocratie participative. Le poème qu’elle a lu sur ces hardis fantassins lors du concert de Gaël Faye fait clairement écho à ce que l’on fait, à l’actualité, à ce qui se passe actuellement dans les DOM/TOM, à la crise sanitaire, etc. C’est un discours profondément politique. Son engagement est dicté par des convictions et non par sa propre personne.

Elle voit bien l’inaction de la gauche et le champ libre laissé à l’extrême droite. Elle ne porte pas seulement le beau verbe. Elle a toujours été dans l’action. Elle n’est pas là pour simplement aller à des concerts. Elle veut réellement tout faire pour que l’union se réalise. Ce que l’on sait, c’est qu’elle est ultra sollicitée. Une partie de nos membres l’a rencontrée en juillet lors du Festival de journalisme à Couthures-sur-Garonne, puis en septembre à Paris, et nous sommes en contact régulier avec ses équipes.

Elle incarne selon vous cet élan populaire et civil qui fait défaut à la gauche. Pour autant, quelle est votre position ou votre stratégie face la banalisation du discours de l’extrême droite ?

La question, ce n’est pas de se demander qui ne votera pas pour nous. C’est comment s’unir pour que l’on vote pour nous. Pour une société plus juste et plus équitable. Bien sûr que nous avons conscience de la place prise dans les médias des propos racistes et xénophobes. Selon nous, le problème, ce ne sont pas les journalistes. Le problème, c’est l’absence de la gauche dans les débats, comme un abandon. On a l’impression que la France se droitise mais il s’agit d’une minorité visible grandissante. Ils font beaucoup de bruit. Et un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse.

Concernant les 500 signatures, nous n’avons aucune inquiétude.

A l’heure où les partis sont désertés, il est temps de réinventer la scène politique en redonnant la parole à celles et ceux qui sont sur le terrain, dans les hôpitaux, les établissements scolaires, etc. Ce n’est pas pour rien que les nouvelles générations préfèrent rejoindre des associations plutôt que des partis politiques. Quand on regarde l’électorat de Zemmour and co, on s’aperçoit qu’il y a une part très faible de 18-30 ans. L’idée est de construire un contre récit face au récit de l’extrême droite.

Outre cette marche du 11 décembre, quelles sont vos dernières cartes ?

Une grande marche pour l’union de la gauche aura également lieu le 8 janvier. Puis viendra le temps du vote final de la primaire populaire entre le 27 et le 30 janvier. Nous réorganiserons des rassemblements le 22 ou le 29 janvier pour appeler massivement les Français à voter pour cette primaire populaire. Et le 30 janvier, nous connaîtrons la personne autour de qui on appellera à se rassembler.

Il s’agira d’une réelle investiture. Concernant les 500 signatures, nous n’avons aucune inquiétude. Par le Serment de Romainville, élues et élus signataires ayant le pouvoir de parrainer les candidats et candidates à la présidentielle ont fait le serment d’accorder leur parrainage uniquement lorsque les conditions du rassemblement seront réunies.

Propos recueillis par Florian Dacheux

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